C’est une sanction retentissante qui vient de s’abattre sur le fabricant français de drones Parrot. La commission des sanctions de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) a en effet condamné l’entreprise et deux de ses dirigeants à payer un total de 420 000 euros d’amendes pour avoir diffusé des informations “fausses ou trompeuses” au marché. Une affaire qui jette une ombre sur la transparence et les pratiques de communication financière de la société.
150 000 euros d’amende pour “manipulation de marché”
Au cœur des griefs reprochés par le gendarme boursier : la publication par Parrot, dans son rapport financier semestriel 2018, d’indicateurs financiers jugés trompeurs concernant la situation de son activité Drones. Selon la commission des sanctions, ces données présentaient de façon exagérément positive les performances de cette branche, pourtant en difficulté. Une manœuvre assimilée à une manipulation de marché, pour laquelle Parrot écope d’une amende de 150 000 euros.
Les dirigeants dans le viseur
Mais la sanction ne s’arrête pas là. Deux dirigeants de l’entreprise sont également pointés du doigt et condamnés à des amendes :
- Henri Seydoux, le PDG de Parrot, devra s’acquitter de 60 000 euros d’amende pour son rôle dans la diffusion de ces informations trompeuses.
- Gilles Labossière, le directeur financier, écope quant à lui de 210 000 euros de pénalité. Outre sa participation à la manipulation de marché, il est aussi sanctionné pour un délit d’initié.
La commission a estimé que Gilles Labossière, initié primaire, avait manqué à son obligation d’abstention d’utilisation d’une information privilégiée, en passant des ordres d’achat d’actions Parrot.
– Communiqué de l’AMF
L’importance de la transparence financière
Cette affaire rappelle avec force l’exigence de transparence et de sincérité qui pèse sur les sociétés cotées dans leur communication financière. Présenter un tableau enjolivé de ses résultats, en omettant certaines difficultés, est sévèrement réprimé par les autorités boursières. Un impératif de transparence qui s’impose à tous les échelons, des rapports financiers jusqu’aux déclarations des dirigeants.
Si les amendes infligées à Parrot et ses dirigeants peuvent sembler lourdes, elles sont à la mesure des enjeux en termes de confiance des investisseurs et d’intégrité des marchés. Car c’est bien la crédibilité de l’information financière diffusée par les entreprises qui est en jeu. Une crédibilité essentielle au bon fonctionnement des marchés et que l’AMF entend préserver par une politique de sanctions dissuasives.
Quelles conséquences pour Parrot ?
Au-delà du préjudice financier immédiat lié aux amendes, cette sanction constitue un coup dur en termes d’image et de réputation pour Parrot. Le spécialiste des drones, déjà fragilisé sur le plan économique, doit maintenant composer avec une perte de confiance des investisseurs et du grand public. Un défi de taille pour l’entreprise, qui devra convaincre par des résultats solides et une communication irréprochable dans les trimestres à venir.
L’affaire est aussi un signal fort envoyé par l’AMF à l’ensemble des sociétés cotées : tolérance zéro pour les manquements à la transparence, quels que soient la taille et le secteur de l’entreprise. Et au vu du montant des sanctions, mieux vaut pour les dirigeants retenir la leçon. Car sur les marchés financiers comme ailleurs, la confiance se gagne difficilement mais se perd facilement…