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L’amant éviscéré : l’accusé se dit « seul coupable » devant la justice

Jugé pour avoir tué et éviscéré l'amant de sa compagne, l'accusé a reconnu être "le seul coupable" lors de son procès aux assises de Nancy. Un meurtre d'une rare sauvagerie motivé par la jalousie...

C’est un crime passionnel d’une rare violence qui est jugé depuis mardi devant la cour d’assises de Nancy. Yanick Morandeau, chef d’entreprise de 42 ans, comparaît pour le meurtre atroce d’Éric Diard, l’amant de sa compagne, en septembre 2020. Aujourd’hui, face aux juges, l’accusé a reconnu l’intégralité de sa responsabilité dans ce déchaînement de fureur meurtrière.

Un homme poignardé et éviscéré dans sa voiture

Le drame s’est noué il y a près de quatre ans, sur un parking de la banlieue de Nancy. Doutant de la fidélité de sa compagne, Yanick Morandeau avait installé un traceur GPS sur son véhicule et l’avait suivie ce soir-là. Sur place, il avait découvert Éric Diard et son amante en pleins ébats à l’arrière du Citroën Berlingo de la victime.

Pris d’une rage folle, l’accusé s’était alors rué sur l’amant, un couteau à la main. Avec une violence inouïe, il lui avait porté 56 coups de lame, l’éventrant littéralement. Lorsque les secours étaient arrivés sur les lieux, ils avaient découvert le corps sans vie d’Éric Diard, 48 ans, affreusement mutilé dans une mare de sang.

L’accusé reconnaît être « le seul coupable »

Devant la cour d’assises, Yanick Morandeau a fini par avouer l’impensable. « C’est moi, je suis le seul coupable », a-t-il lancé lors de l’audience ce mardi, devant son fils venu témoigner à la barre. Pour la première fois, l’accusé a raconté en détails la soirée de cauchemar, ses doutes sur la fidélité de sa compagne, sa filature, puis son accès de violence meurtrière lorsqu’il a surpris les deux amants.

Pendant de longues minutes, il a tenté d’expliquer son geste à la cour, évoquant sa jalousie maladive et son sentiment de trahison. Mais rien ne semble pouvoir justifier un tel déchaînement de barbarie. Face aux questions du président, l’accusé paraît perdu, dépassé par son propre acte. « Je ne sais pas ce qui m’a pris, j’ai disjoncté », répète-t-il dans un souffle.

L’ex-compagne « hantée » par l’image du « monstre empli de rage »

La compagne de Yanick Morandeau, blessée en tentant de s’interposer lors du drame, n’a pas eu la force d’affronter l’accusé au procès. Souffrant d’un sévère syndrome post-traumatique selon plusieurs médecins, elle a fait lire une poignante lettre à l’audience, décrivant son ex-compagnon comme un « monstre empli de douleur et de rage » au moment des faits.

« J’ai perdu ce jour-là Éric, avec qui j’entretenais une relation amoureuse virtuelle très forte et inimaginable, et Yanick, que je respectais et à qui je ne voulais pas faire de mal. »

Extrait de la lettre de l’ex-compagne de l’accusé

Fustigeant un « acte démesuré, barbare, incompréhensible et impardonnable », la quadragénaire a confié être toujours « hantée » par les images de cette nuit d’horreur. Son fils a confirmé à la barre qu’elle était « encore très atteinte par les faits » et « y pensait tous les jours ».

La préméditation au cœur des débats

Mais au-delà du mobile passionnel, c’est surtout la question de la préméditation qui est au cœur des débats. Yanick Morandeau avait-il prémédité son geste en suivant sa compagne ce soir-là, un couteau à la main ? C’est ce que devra déterminer la cour, la qualification d’assassinat plutôt que de meurtre étant déterminante pour la peine encourue par l’accusé, qui risque la perpétuité.

Interrogé sur ce point crucial, l’entrepreneur a nié toute volonté homicide préalable, assurant qu’il voulait seulement « avoir une explication » avec sa compagne et l’homme qu’il soupçonnait d’être son amant. Un argument qui peine à convaincre au regard de la présence du couteau et du traceur GPS lors de sa macabre découverte.

Les zones d’ombre du dossier

Au fil des débats, de nombreux points restent encore à éclaircir dans cette affaire hors norme. Comment expliquer une telle explosion de violence de la part d’un homme décrit jusque-là comme calme et sans histoires ? L’accusé avait-il pour habitude de suivre et surveiller sa compagne ? Des témoins ont-ils assisté à la scène ou entendu des cris sur le parking cette nuit-là ?

Autant de questions auxquelles les débats des prochains jours, et notamment l’audition des parties civiles et des experts psychiatres, tenteront de répondre. Car si Yanick Morandeau reconnaît les faits dans leur matérialité, les circonstances et les raisons profondes de son geste sanglant demeurent en partie mystérieuses. Son avenir judiciaire en dépend.

Jusqu’à 30 ans de réclusion criminelle encourus

En attendant le verdict, prévu en fin de semaine, l’accusé reste présumé innocent. Mais il sait qu’il encourt une très lourde peine pour cet acte « de barbarie humaine », comme l’ont qualifié les avocats des parties civiles. S’il échappe à la perpétuité, Yanick Morandeau risque jusqu’à 30 ans de réclusion criminelle pour ce meurtre sanglant.

Un dénouement dramatique pour ce père de famille décrit par son entourage comme un homme plutôt doux et attentionné. Longtemps, il aurait nié l’évidence avant de reconnaître tardivement sa responsabilité devant les enquêteurs puis face aux jurés. Un premier pas vers la vérité judiciaire, en attendant les réponses que lui seul peut apporter sur les ressorts profonds de ce crime passionnel qui a détruit tant de vies.

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