Une alliance spatiale inédite vient de voir le jour en Afrique. Le Niger, pays clé du Sahel, a signé vendredi dernier à Niamey un accord avec Glavkosmos, filiale de l’agence spatiale russe Roscosmos. L’objectif : acquérir trois satellites pour renforcer la sécurité de la région, minée par les attaques jihadistes récurrentes.
Un projet ambitieux pour sécuriser le Sahel
Selon une source proche du dossier, cet accord porte sur “les modalités d’acquisition et le déploiement de trois satellites à haute altitude pour assurer la sécurité des pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), qui regroupe le Niger, le Mali et le Burkina Faso”. Une volonté commune des trois chefs d’État de ces pays en proie à un conflit asymétrique meurtrier depuis des années.
D’après les détails révélés, il s’agira d’un satellite de communication, d’un satellite de télédétection et d’un radar. L’ensemble sera dédié à “la défense et la sécurité”. Leur fabrication, qui aura lieu en Russie, devrait prendre quatre ans.
Une location en attendant la livraison
Pour pallier ce délai, Glavkosmos s’est engagé à fournir en location des équipements similaires en attendant la mise en service des satellites commandés. Une solution temporaire pour répondre à l’urgence sécuritaire dans la région.
Chaque pays aura un centre secondaire de réception et d’émission.
Sidi Mohamed Raliou, ministre nigérien de la Communication.
Une demande a également été faite pour que le centre de commandement des satellites soit basé dans l’un des pays de l’AES. Un symbole fort de la souveraineté que souhaitent retrouver ces États sur les questions de sécurité et de défense.
Une coopération qui soulève des questions
Si ce partenariat spatial représente une avancée majeure pour le Niger et ses voisins, il cristallise aussi un changement géopolitique profond dans la région. Après les coups d’État successifs au Mali, au Burkina et au Niger depuis 2020, ces anciennes colonies françaises se sont détournées de Paris pour se rapprocher de Moscou, tant sur le plan économique que militaire.
Une réorientation stratégique qui suscite de nombreuses interrogations sur l’influence grandissante de la Russie en Afrique, et ses conséquences pour la stabilité déjà précaire du Sahel. Si les satellites promis par Glavkosmos peuvent aider à lutter contre les groupes jihadistes affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique, ils pourraient aussi servir à d’autres fins, comme la surveillance des opposants ou le contrôle des populations.
Autant d’enjeux qui devront être clarifiés dans les mois à venir, alors que le calendrier de livraison des équipements spatiaux se précise. Une chose est sûre : cette alliance entre le Niger et la Russie marque un tournant dans la géopolitique africaine, dont les répercussions se feront sentir bien au-delà des frontières du Sahel.