Alors que l’échéance de mars approche, l’Allemagne a annoncé lundi son intention de prolonger les contrôles à ses frontières dans le but de lutter plus efficacement contre l’immigration illégale. Cette décision intervient dans un contexte politique tendu à un an des élections fédérales de 2025, sur fond de poussée de l’extrême droite. Le gouvernement avance des résultats probants permis par ces contrôles renforcés mais la question divise et soulève des inquiétudes au sein de l’UE.
Des milliers d’arrestations et d’expulsions grâce aux contrôles
Pour justifier sa volonté de prolonger les contrôles frontaliers au-delà du mois de mars, le gouvernement allemand met en avant un bilan qu’il juge positif. D’après la ministre de l’Intérieur Nancy Faeser :
Environ 1.800 passeurs ont déjà été arrêtés et environ 40.000 personnes ont été refoulées aux frontières grâce à ces contrôles.
Le nombre d’expulsions a bondi de plus de 50% au cours des deux dernières années.
– Nancy Faeser, ministre de l’Intérieur
L’Allemagne se félicite d’être le seul pays en Europe à avoir expulsé de « dangereux criminels » vers l’Afghanistan. La ministre estime également que de nombreux réfugiés syriens pourront bientôt rentrer dans leur pays si la paix s’installe durablement.
Une mesure « exceptionnelle » qui doit rester proportionnée pour l’UE
Ces contrôles aux frontières intérieures de l’espace Schengen avaient été rétablis en septembre dernier pour 6 mois. La Commission européenne avait alors rappelé que de telles mesures devaient rester « strictement exceptionnelles » et « proportionnées ». En principe, elles sont possibles pour une durée maximale de 2 ans en cas de menace pour l’ordre public ou la sécurité.
L’Allemagne estime cependant que cette prolongation est nécessaire tant que la protection des frontières extérieures de l’UE n’est pas renforcée significativement. Une position qui suscite des tensions avec certains pays voisins comme la Pologne, le Luxembourg ou la France, dont les travailleurs transfrontaliers subissent les désagréments de ces contrôles.
Un durcissement dans un contexte électoral compliqué
Cette volonté de maintenir des contrôles stricts intervient alors que l’Allemagne a été secouée ces derniers mois par plusieurs attaques commises par des étrangers. Des événements qui ont nourri un climat d’inquiétude et une poussée de l’extrême droite, comme l’ont montré les dernières élections régionales.
Face à ce contexte délicat à un an des élections fédérales de 2025, le gouvernement d’Olaf Scholz a durci sa politique migratoire et sa lutte contre l’immigration illégale. Le maintien de ces contrôles aux frontières en est l’illustration, même si cela passe mal auprès de certains partenaires européens.
Un enjeu brûlant pour les élections de 2025
Nul doute que la question migratoire et la sécurité des frontières seront au cœur des débats pour les élections législatives prévues en février 2025. Le gouvernement de coalition, mené par les sociaux-démocrates du chancelier Olaf Scholz, joue gros sur ce dossier face à une extrême droite en embuscade.
Selon des sources proches de la majorité, plusieurs responsables plaident pour un renforcement durable des contrôles afin d’afficher une image de fermeté. Mais d’autres mettent en garde contre une remise en cause des principes de libre-circulation au sein de l’UE. L’enjeu pour Olaf Scholz sera de trouver le bon équilibre.
En attendant, cette prolongation des contrôles aux frontières allemandes au-delà du mois de mars ne manquera pas de faire réagir, alors que l’UE peine déjà à parler d’une seule voix sur la politique migratoire. Entre fermeté et solidarité, l’Allemagne tangue sur une ligne de crête périlleuse à l’approche d’une échéance électorale cruciale. Le dossier promet d’être explosif.