Alors que la guerre fait rage en Ukraine depuis près de trois ans, le chancelier allemand Olaf Scholz a refusé d’alimenter les spéculations sur un éventuel déploiement de troupes allemandes dans le pays en cas de cessez-le-feu négocié avec la Russie. Une position prudente qui tranche avec les propos plus ouverts de sa ministre des Affaires étrangères, Annalena Baerbock.
Une question prématurée pour Berlin
Interrogé mercredi au Parlement, Olaf Scholz a jugé « tout à fait inapproprié de spéculer maintenant » sur un hypothétique envoi de soldats allemands dans le cadre d’une mission de maintien de la paix, une fois un accord de cessez-le-feu trouvé entre Kiev et Moscou. Il a réaffirmé l’exclusion catégorique d’une telle option tant que le conflit perdurera, rappelant l’avoir « toujours dit clairement ».
Des propos en réaction à ceux tenus la veille par Annalena Baerbock, qui avait laissé entendre que l’Allemagne soutiendrait « de toutes ses forces » ce qui servirait la paix à l’avenir, en réponse à une question sur un possible déploiement de troupes européennes. Selon le chancelier, la ministre tentait simplement de ne fermer aucune porte pour « une phase de paix ultérieure ».
Les conditions d’une paix durable
Sur les réseaux sociaux, Annalena Baerbock a par la suite détaillé les « différents éléments de la paix » actuellement en discussion, citant notamment :
- L’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN
- Une présence internationale pour garantir un cessez-le-feu
Autant de points cruciaux aux yeux de Kiev, qui espère pouvoir négocier en position de force malgré les difficultés rencontrées sur le terrain par son armée, en manque d’armes et d’effectifs face à la supériorité numérique russe. L’Ukraine considère son entrée dans l’Alliance atlantique comme la « seule véritable » garantie de sécurité.
Une armée ukrainienne en difficulté
Mardi, les autorités russes ont encore revendiqué la conquête de deux villages dans l’est et le sud de l’Ukraine, où leurs troupes gagnent du terrain à une vitesse inédite depuis mars 2022. Une avancée qui met en lumière la situation précaire des forces ukrainiennes, près de trois ans après le début de l’invasion russe.
Dans ce contexte, la pression s’accroît sur les pays de l’OTAN pour inviter l’Ukraine à les rejoindre, une demande martelée par Kiev qui n’a cependant pas débouché sur un résultat concret lors d’une réunion des chefs de la diplomatie de l’Alliance mardi à Bruxelles. Les réticences allemandes à spéculer sur l’après-guerre témoignent de la complexité et de la sensibilité du dossier.
Un soutien international vital
Si la perspective d’une paix et d’un cessez-le-feu semble encore lointaine, le soutien politique, économique et militaire de la communauté internationale reste crucial pour permettre à l’Ukraine de continuer à faire face à l’agression russe et, à terme, de retrouver sa souveraineté et son intégrité territoriale. Un objectif qui nécessitera une implication de longue haleine des partenaires de Kiev, bien au-delà de la seule question d’un déploiement de troupes.
D’après une source proche du dossier, les discussions sur l’avenir sécuritaire de l’Ukraine et les garanties qui pourraient lui être apportées vont se poursuivre dans les semaines et mois à venir, en parallèle des efforts diplomatiques visant à obtenir un cessez-le-feu durable et un retrait des forces russes. Un processus de longue haleine dans lequel l’Allemagne entend jouer un rôle constructif, tout en veillant à ne pas nourrir de faux espoirs ou envenimer la situation par des déclarations prématurées.
