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L’Allemagne facilite l’expulsion des étrangers glorifiant le terrorisme

L'Allemagne adopte une loi facilitant l'expulsion des étrangers glorifiant le terrorisme, même sur les réseaux sociaux. Un seul post peut désormais suffire. Le gouvernement durcit sa politique face à la multiplication de ces comportements suite aux récents attentats. Mais cette mesure soulève aussi des questions...

En réponse à la recrudescence de messages faisant l’apologie du terrorisme, en particulier sur les réseaux sociaux, le gouvernement allemand vient d’adopter un projet de loi durcissant les conditions d’expulsion des étrangers impliqués dans ce type de comportements. Une mesure forte visant à protéger l’ordre public, mais qui soulève aussi certaines interrogations.

Un seul post glorifiant le terrorisme pourra désormais suffire

Principale nouveauté du texte : l’approbation ou la promotion d’un seul acte terroriste sera dorénavant suffisante pour justifier une expulsion, là où il fallait auparavant des déclarations de soutien expresses et répétées. Concrètement, comme l’explique le ministère de l’Intérieur :

Désormais, un seul commentaire qui glorifie et approuve un crime terroriste sur les médias sociaux peut constituer un motif grave pour l’expulsion.

– Ministère allemand de l’Intérieur

Le gouvernement justifie ce durcissement par le fait que ces messages alimenteraient un climat de violence propice à inspirer le passage à l’acte d’extrémistes ou d’individus potentiellement dangereux. Le vice-chancelier Robert Habeck a salué “un grand acquis et une force pour notre pays” :

C’est un grand acquis et une force pour notre pays que les personnes persécutées puissent trouver protection en Allemagne. Mais ceux qui bafouent l’ordre fondamental libéral en acclamant le terrorisme, en célébrant des meurtres horribles, perdent leur droit de rester.

– Robert Habeck, vice-chancelier allemand

Une réponse aux nombreuses incitations à la haine post-attentats

Cette initiative intervient dans un contexte de multiplication des messages de haine et d’apologie du terrorisme, en particulier suite aux récentes attaques meurtrières en Israël et aux affrontements à Gaza. De nombreux posts problématiques glorifiant ces actes avaient alors fleuri sur les réseaux sociaux.

La ministre de l’Intérieur Nancy Faeser a fustigé ces “agitateurs islamistes, qui mentalement vivent encore à l’âge de pierre”, estimant qu’ils “n’ont rien à faire dans notre pays”. Des condamnations ont aussi été prononcées, comme contre un imam de Munich qui avait posté un message ambigu le jour de l’attentat du Hamas.

L’attaque de Mannheim, déclencheur d’un débat politique

Plus récemment début juin, une attaque au couteau à Mannheim contre des membres d’un mouvement anti-islam, ayant coûté la vie à un jeune policier, a également été célébrée dans de multiples posts. Un événement choquant qui a relancé le débat sur l’expulsion de criminels étrangers.

Le chancelier Olaf Scholz avait alors qualifié ces messages de “gifle pour les victimes, leurs proches et notre ordre fondamental démocratique”, annonçant un renforcement de la législation sur le droit de séjour. L’attaque a aussi ravivé les discussions sur les renvois de délinquants afghans, suspendus depuis la prise de pouvoir des talibans en 2021.

Une mesure forte, mais qui suscite des interrogations

Si beaucoup saluent la volonté du gouvernement de lutter contre la propagation de la haine et la banalisation du terrorisme, certains s’inquiètent d’un dispositif jugé trop large et peu précis. Des voix s’élèvent pour mettre en garde contre des dérives potentielles :

  • Un champ d’application très vaste, couvrant des propos parfois ambigus ou maladroits
  • Des garanties insuffisantes contre l’arbitraire ou les erreurs d’appréciation
  • Un risque d’instrumentalisation contre certaines communautés

En l’état, le texte doit encore être soumis au Parlement. Les débats à venir permettront sans doute de préciser ses contours et modalités d’application. Mais il témoigne en tout cas d’une volonté affichée de l’Allemagne de combattre avec fermeté toute complaisance envers la violence terroriste.

Un enjeu crucial, alors que l’apologie du terrorisme, amplifiée par les réseaux sociaux, apparaît comme un phénomène préoccupant dans de nombreux pays européens. La réponse pénale ne peut certes suffire à elle seule pour endiguer ce fléau, qui appelle une mobilisation sur de multiples fronts. Mais ce nouveau dispositif allemand illustre la recherche d’un équilibre délicat entre fermeté sécuritaire et respect des libertés fondamentales.

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