ActualitésÉconomie

L’Allemagne face au désarroi économique : le défi d’Olaf Scholz

A Wolfsburg, berceau de Volkswagen en pleine tourmente, le chancelier Olaf Scholz s'efforce de rassurer sur sa capacité à sortir l'Allemagne de l'ornière économique. Mais la partie s'annonce serrée à quelques mois d'élections législatives incertaines...

C’est dans un contexte morose qu’Olaf Scholz a entamé sa campagne électorale à Wolfsburg, fief historique de Volkswagen devenu le symbole du désarroi économique allemand. Face aux militants du parti social-démocrate (SPD) rassemblés non loin du siège et de l’usine du géant automobile, le chancelier sortant s’est efforcé ce vendredi de convaincre qu’il avait les moyens de relancer le pays s’il décrochait un second mandat.

Pourtant, l’heure est à l’inquiétude dans cette ville où Volkswagen fait vivre des générations d’habitants. Kathrin Kühne, retraitée après 27 ans passés chez le constructeur, confie que si le groupe leur « a apporté la prospérité » par le passé, la crise qu’il traverse aujourd’hui est vécue comme « une catastrophe ». Et pour cause : le fabricant de la Golf a provoqué un séisme en annonçant cet automne un plan d’économies sans précédent, qui va se traduire par la suppression de 35 000 emplois d’ici 2030 et des coupes sombres dans les rémunérations.

Un coup dur qui s’ajoute aux difficultés de l’économie allemande dans son ensemble. Pour la deuxième année consécutive, le produit intérieur brut a reculé outre-Rhin en 2024. Du jamais vu depuis deux décennies. Dans ce contexte anxiogène, la transformation du modèle économique national s’impose comme l’enjeu central de la campagne pour les élections législatives anticipées du 23 février prochain.

L’avenir de l’emploi industriel en question

A Wolfsburg, certains veulent encore croire qu’Olaf Scholz est l’homme de la situation pour « remettre le pays sur les rails », à l’image de Sergio Dodaro, un Italien arrivé il y a 45 ans pour travailler chez Volkswagen. Mais d’autres, comme Jens Reineccius, patron d’un salon de coiffure, estiment que les sociaux-démocrates portent une part de responsabilité dans les déboires actuels.

Il faut dire que dans cette région de Basse-Saxe où le SPD est traditionnellement dominant, les liens entre le monde politique et Volkswagen sont étroits. Depuis des lustres, l’exécutif local, actionnaire à hauteur de 20%, co-pilote le groupe avec le management. Une situation « exceptionnelle » qui « ralentit les rouages » et complique les « décisions stratégiques » selon Jens Reineccius, qui ne sait plus pour qui voter…

Nous allons nous battre pour l’avenir du travail et de l’emploi en Allemagne, pour une nouvelle croissance.

Olaf Scholz, meeting de campagne à Wolfsburg

Dans son discours devant les militants, Olaf Scholz a promis de défendre « les travailleurs » avec « un État qui agit, qui est là pour tous » et pas seulement les plus aisés. Égratignant au passage les conservateurs de la CDU/CSU, donnés favoris dans les sondages, et leurs promesses de baisses d’impôts qui profiteraient surtout « aux plus riches ». Le chancelier a également appelé à « aller de l’avant » dans la transition de l’automobile vers l’électrique, un virage jugé trop rapide par ses adversaires.

Mais au-delà des effets de manche, le cœur n’y était pas vraiment. Chez les militants aussi, l’enthousiasme semblait mesuré face à l’ampleur de la tâche. Comme Peter Harweg, employé d’un sous-traitant de Volkswagen, beaucoup renvoient gauche et droite dos à dos, estimant qu’après seize ans de pouvoir sous Angela Merkel, la CDU n’a pas fait mieux. « Personne n’a vraiment de plan » pour l’avenir du pays, déplore-t-il.

A trois mois du scrutin, tous les signaux sont au rouge pour Olaf Scholz et le SPD, qui accusent près de 15 points de retard sur les conservateurs dans les intentions de vote. Dans une Allemagne déboussolée et en quête d’un second souffle, le bilan du gouvernement sortant et les promesses de lendemains meilleurs peinent à convaincre. L’issue du duel qui s’annonce s’avère plus que jamais incertaine…

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.