Selon les derniers chiffres, pas moins de 240 000 personnes en situation irrégulière sont actuellement censées quitter le territoire allemand. Pourtant, dans les faits, 80% d’entre elles ne peuvent pour l’instant pas être expulsées. Un casse-tête pour les autorités du pays, qui cherchent des solutions pour dénouer cette situation complexe.
Un écart criant entre théorie et pratique
Si l’Allemagne compte officiellement un quart de million de migrants devant être expulsés, la réalité du terrain est tout autre. De janvier à avril 2024, seules 6 300 personnes ont effectivement été renvoyées vers leur pays d’origine. Les raisons de cet écart sont multiples :
- Absence de documents d’identité
- Pays d’origine jugés trop dangereux (Syrie, Afghanistan…)
- Procédures longues et complexes
Face à ce constat, le gouvernement et les Länder tentent de trouver des leviers pour agir plus efficacement. L’enjeu : parvenir à expulser davantage et plus rapidement.
Des pistes à l’étude pour accélérer les expulsions
Plusieurs options sont actuellement sur la table pour tenter de débloquer la situation. Parmi elles, la possibilité de conduire les procédures d’asile depuis des pays tiers ou de transit. Cela nécessiterait toutefois de revoir en profondeur les règles nationales et européennes en la matière.
Nous devons agir rapidement et avec audace.
Armin Schuster, ministre de l’Intérieur de Saxe
Le ministère de l’Intérieur planche également sur des moyens “juridiquement et pratiquement viables” pour rendre davantage d’expulsions possibles, selon les mots du chancelier Olaf Scholz. Mais la tâche s’annonce ardue.
L’extrême-droite met la pression
La question des expulsions est devenue un sujet brûlant dans le débat politique allemand, notamment depuis le renforcement de l’extrême-droite aux dernières élections européennes. Le parti Alternative für Deutschland (AfD) ne cesse de presser le gouvernement d’agir en la matière.
Son leader Friedrich Merz reproche au chancelier de ne pas tenir ses promesses d’expulser “à grande échelle”, “beaucoup plus et plus rapidement”. Une pression politique qui pousse la coalition au pouvoir à chercher des solutions, malgré la complexité du dossier.
Un défi à relever collectivement
Au-delà des clivages partisans, les responsables politiques allemands semblent avoir pris la mesure de l’enjeu. Gouvernement fédéral et dirigeants des Länder travaillent main dans la main pour tenter d’apporter des réponses, même si les désaccords persistent sur les moyens à employer.
Une chose est sûre : l’Allemagne aura besoin d’une approche globale et coordonnée pour venir à bout de ce défi migratoire. Entre pragmatisme, humanité et respect du droit, l’équation s’annonce complexe à résoudre. Mais face à l’urgence, le statu quo n’est plus une option.