L’Allemagne se trouve actuellement dans une situation politique des plus incertaines. Suite au départ fracassant des ministres libéraux de la coalition au pouvoir, le pays se dirige tout droit vers une crise institutionnelle majeure. Le chancelier Olaf Scholz se retrouve désormais à la tête d’un gouvernement minoritaire, ne pouvant compter que sur le soutien des écologistes. Une paralysie politique qui pourrait bien mener à des élections législatives anticipées dès janvier prochain.
Un gouvernement Scholz en lambeaux
Le départ des ministres libéraux du FDP constitue un véritable séisme pour la coalition d’Olaf Scholz. En cause, un désaccord profond sur les orientations budgétaires et économiques du gouvernement. Christian Lindner, le ministre des Finances et chef de file des libéraux, a claqué la porte avec l’ensemble de ses ministres, laissant le chancelier dans une position plus que délicate.
Désormais privé d’une majorité stable au Bundestag, Olaf Scholz va devoir naviguer à vue ces prochaines semaines. L’objectif : faire passer quelques textes de loi consensuels avant Noël, comme la hausse des revenus des salariés prévue pour janvier, l’application rapide des nouvelles règles européennes sur l’asile ou encore des mesures de soutien à une industrie allemande en souffrance.
Le spectre d’une motion de défiance
Mais le véritable test pour le chancelier Scholz interviendra le 15 janvier. Ce jour-là, il demandera aux députés un vote de confiance. S’il échoue à obtenir une majorité, ce qui semble probable, cela ouvrira la voie à la convocation d’élections législatives anticipées. Le président Frank-Walter Steinmeier aura alors 21 jours pour dissoudre le Bundestag.
De nouvelles élections devraient donc se tenir au plus tard fin mars. Un calendrier serré qui plonge l’Allemagne dans une période d’incertitude politique, à un moment où le pays doit faire face à de nombreux défis économiques et sociaux.
Un avenir en pointillé pour la coalition “rouge-verte”
Se pose désormais la question de la survie du gouvernement minoritaire “rouge-vert”, composé des sociaux-démocrates du SPD et des écologistes. Avec seulement 324 députés sur les 367 nécessaires, le chemin s’annonce semé d’embûches pour Olaf Scholz.
Le SPD et les Verts seront obligés de trouver des soutiens au cas par cas pour faire adopter leurs textes. Une situation déjà vécue par le passé en Allemagne, comme en 1966 ou 1982, mais qui n’avait duré que quelques semaines. Les remous politiques allemands pourraient donc se prolonger encore plusieurs mois.
L’opposition en embuscade
Du côté de l’opposition, on se frotte déjà les mains à l’idée d’en découdre dans les urnes. Les conservateurs de la CDU-CSU, en tête des sondages, excluent tout soutien au gouvernement Scholz, sauf sur quelques dossiers précis. Ils jugent très improbable l’élaboration d’un budget 2025 avec le SPD et les Verts.
Quant à l’extrême droite de l’AfD, qui a réalisé une percée dans les régions de l’Est, elle exclut tout soutien par principe à un gouvernement “rouge-vert”. La gauche radicale Die Linke et les populistes du BüSo n’ont quant à eux pas assez de députés pour peser vraiment sur les débats.
L’Allemagne se dirige donc vers des mois agités sur le plan politique. Entre un chancelier en sursis, un gouvernement minoritaire paralysé et une opposition qui attend son heure, l’avenir politique du pays semble plus incertain que jamais. Les prochaines semaines seront décisives pour savoir si Olaf Scholz parviendra à se maintenir ou si les Allemands devront retourner aux urnes bien plus tôt que prévu.