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L’Allemagne Envisage l’Envoi de Soldats en Ukraine si Cessez-le-Feu

L'Allemagne pourrait envoyer des soldats en Ukraine en cas de zone démilitarisée pour sécuriser un éventuel cessez-le-feu avec la Russie. Le ministre allemand de la Défense s'est dit ouvert à cette possibilité lors d'un entretien. Cela marquerait un tournant dans la position de Berlin face au conflit...

La guerre en Ukraine pourrait connaître un tournant majeur prochainement. Lors d’un entretien accordé au journal Süddeutsche Zeitung, le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius a évoqué la possibilité d’envoyer des soldats allemands en Ukraine, dans le cadre d’une mission de maintien de la paix. Cette déclaration intervient alors que des discussions sur un potentiel cessez-le-feu entre Kiev et Moscou pourraient s’ouvrir rapidement, notamment à la faveur d’une rencontre entre le nouveau président américain Donald Trump et Vladimir Poutine.

Une zone démilitarisée pour sécuriser la paix

Le déploiement de troupes allemandes serait conditionné à l’instauration d’une zone démilitarisée en Ukraine, qui servirait de tampon entre les forces ukrainiennes et russes. Le rôle des soldats allemands serait alors de participer à la sécurisation de cette zone, afin de garantir le respect d’un éventuel cessez-le-feu.

Boris Pistorius a souligné l’importance du rôle de l’Allemagne dans ce scénario :

Nous sommes le plus grand partenaire de l’OTAN en Europe. Il est évident que nous jouerons un rôle et que nous devrons en assumer la responsabilité.

Toutefois, le ministre a précisé que cette question sera discutée « le moment venu », laissant entendre que des négociations de paix doivent d’abord aboutir entre l’Ukraine et la Russie avant d’envisager concrètement l’envoi de troupes.

L’Ukraine pas encore en position de force

Si les déclarations de Boris Pistorius ouvrent une perspective encourageante pour le règlement du conflit, le secrétaire général de l’OTAN Mark Rutte a nuancé les chances d’une paix rapide. Selon lui, l’Ukraine n’est pas aujourd’hui dans la position de force nécessaire avant l’ouverture d’éventuelles négociations avec la Russie.

Le ministre allemand reconnaît lui-même que la Russie occupe encore « environ 18 ou 19% du territoire ukrainien ». Néanmoins, il souligne que malgré « des pertes élevées dans sa propre armée », Moscou n’a « pas obtenu davantage » en près de trois ans de guerre.

Lors d’une récente réunion des pays soutiens de l’Ukraine, les Etats-Unis avaient affirmé que Moscou perdait près de 1.500 hommes par jour en novembre.

Vers une augmentation du budget de défense allemand

Boris Pistorius a également évoqué la question du budget consacré à la défense par l’Allemagne. Interrogé sur les exigences de Donald Trump, qui souhaite que les membres de l’OTAN y consacrent 5% de leur PIB, le ministre s’est montré plus mesuré.

Il a estimé qu’il « faudra, dans le doute, plutôt parler de 3% » du PIB, contre 2% actuellement. C’est un sujet qui fait débat outre-Rhin, le chancelier Olaf Scholz ayant déjà rejeté la proposition américaine.

Porter le budget de défense à 5% du PIB reviendrait pour l’Allemagne à dépenser annuellement environ 200 milliards d’euros dans ce secteur, alors que le budget fédéral total prévu pour 2025 s’élève à 490 milliards d’euros.

Quelle feuille de route pour la paix en Ukraine ?

Si la perspective d’un cessez-le-feu et d’une zone démilitarisée sécurisée par des troupes internationales semble se profiler, le chemin vers la paix en Ukraine reste semé d’embûches.

Le nouveau locataire de la Maison Blanche aura un rôle clé à jouer dans les semaines et mois à venir. Donald Trump s’était engagé pendant sa campagne à mettre rapidement un terme au conflit, avant de revoir ses ambitions à la baisse.

La réunion prévue prochainement avec Vladimir Poutine sera scrutée avec attention. Washington et ses alliés espèrent qu’elle permettra d’ouvrir la voie à de véritables négociations, alors que jusqu’ici le maître du Kremlin n’a pas montré de réelle volonté d’apaisement.

Pour les autorités ukrainiennes, l’objectif est désormais de consolider leurs positions militaires sur le terrain, afin d’aborder un éventuel processus de paix en position de force. Un défi de taille alors que les combats se poursuivent avec violence dans l’Est du pays.

Selon certains analystes, seule une implication plus ferme des Occidentaux, combinée à de nouvelles sanctions contre la Russie, pourrait faire plier Moscou et l’amener à accepter un compromis.

En attendant, la population ukrainienne continue de payer le prix fort de cette guerre qui n’en finit pas. Avec déjà des dizaines de milliers de morts et des millions de déplacés, l’Ukraine espère que 2025 marquera enfin le début du retour à une vie normale. Un espoir ténu, qui dépendra largement des décisions qui seront prises dans les prochains mois par les grandes puissances.

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