À quelques jours de l’investiture très attendue de Donald Trump, l’Allemagne se retrouve au cœur d’une tempête diplomatique suite à la publication dans les médias d’une note confidentielle de son ambassadeur à Washington. Dans ce document explosif, le diplomate livre une analyse au vitriol du nouveau locataire de la Maison Blanche, suscitant de vives réactions outre-Rhin.
Une note qui ne mâche pas ses mots
Selon des sources proches du dossier, l’ambassadeur allemand Andreas Michaelis aurait rédigé ce câble diplomatique destiné à sa hiérarchie peu après l’élection de Donald Trump en novembre. Usant d’un ton particulièrement alarmiste, il y exprime ses profondes inquiétudes quant à l’avenir de la démocratie américaine sous la houlette du milliardaire :
Les fondements mêmes de l’ordre constitutionnel des États-Unis risquent d’être sapés par ce président qui ne cache pas ses projets de vengeance et sa stratégie de disruption maximale.
Andreas Michaelis redoute notamment une concentration sans précédent des pouvoirs entre les mains de Donald Trump au détriment du Congrès et des États fédérés. Il pointe aussi du doigt l’influence croissante des géants de la tech qui se voient promettre « de participer au gouvernement ».
Berlin pris de court
Cette fuite dans la presse place le gouvernement allemand dans une position délicate à la veille de la passation de pouvoir à Washington. Si la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock a confirmé l’authenticité de la note, elle a souligné son caractère « secret » et regretté sa divulgation :
Bien sûr que les ambassades rédigent des rapports, c’est leur mission. Mais ce document était classifié et n’avait pas vocation à être rendu public.
Annalena Baerbock, ministre allemande des Affaires étrangères
La cheffe de la diplomatie tente de minimiser l’incident, rappelant que Donald Trump « avait déjà annoncé ce qu’il entendait faire » et qu’il était normal pour Berlin de s’y préparer. Mais dans les coulisses, c’est la consternation qui prévaut face à ce qui est vécu comme un véritable camouflet.
Des répercussions inévitables
Car Andreas Michaelis n’est pas n’importe qui : il est justement l’homme chargé de représenter l’Allemagne lors de la cérémonie d’investiture de lundi ! Autant dire que sa tâche s’annonce ardue pour renouer le dialogue avec la nouvelle administration après un tel incident diplomatique.
Wolfgang Ischinger, ex-ambassadeur allemand à Washington, craint que cette fuite « malheureusement toxique » ne braque d’entrée le gouvernement Trump contre Berlin. L’opposition conservatrice allemande, fer de lance du rapprochement avec les États-Unis, s’émeut aussi de voir publié « un commentaire rempli de critiques de toutes sortes et de sottises sur le président élu américain ».
Bref, la bourde est difficilement rattrapable et risque de plomber durablement les relations germano-américaines, à l’heure où Donald Trump entend justement bousculer ses alliés européens. Une entame pour le moins chaotique qui fait redouter le pire à Berlin pour la suite du mandat trumpien.
