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L’Algérie au défi des reconduites à la frontière

L'Algérie au cœur d'une problématique épineuse : l'exécution des OQTF. Face à un taux de 7%, quelles sont les pistes pour débloquer la situation ? Anciens ambassadeurs et...

La question des reconduites à la frontière des ressortissants algériens en situation irrégulière fait l’objet d’un débat houleux en France. Avec un taux d’exécution des obligations de quitter le territoire français (OQTF) de seulement 7% pour les Algériens, contre près de 30% pour les Marocains par exemple, la problématique est plus que jamais d’actualité. Quelles sont les pistes pour débloquer la situation et rendre ces mesures réellement effectives ?

Une crise diplomatique en toile de fond

Pour comprendre les raisons de ce taux particulièrement bas, il faut remonter à la dernière crise diplomatique franco-algérienne. Depuis cet épisode tendu, la délivrance des fameux laissez-passer consulaires, indispensables à l’exécution des OQTF, s’est considérablement ralentie côté algérien. Un ancien ambassadeur de France en Algérie s’est penché sur la question :

La France a un certain nombre de cartes qui, mises ensemble, s’il y avait une volonté politique forte, c’est-à-dire la volonté de ne pas céder au dey…

– Xavier Driencourt, diplomate et ancien ambassadeur de France en Algérie

Les 7 pistes pour faire bouger les lignes

Selon les experts, il existe plusieurs leviers sur lesquels la France pourrait s’appuyer pour faire pression sur l’Algérie et obtenir une meilleure coopération :

  • Utiliser les canaux diplomatiques pour renouer le dialogue
  • Miser sur la coopération économique comme moyen de négociation
  • Solliciter l’appui de l’Union Européenne sur ce dossier sensible
  • Renforcer les contrôles aux frontières pour dissuader les passages
  • Accélérer le traitement des demandes d’asile pour fluidifier les procédures
  • Développer les aides au retour volontaire pour encourager les départs
  • Mieux informer sur les voies légales d’immigration pour réduire les filières clandestines

Autant de pistes qui nécessitent cependant une réelle volonté politique des deux côtés de la Méditerranée. Car si la France dispose en effet de quelques cartes, l’Algérie n’est pas dénuée de moyens de pression, notamment sur le plan mémoriel et du fait de sa position de fournisseur de gaz de premier plan.

Vers une inflexion de la position algérienne ?

Malgré ces obstacles, certains signes laissent entrevoir une possible amélioration de la situation. La récente visite du président Tebboune en France a permis de renouer le fil du dialogue au plus haut niveau. Des engagements ont été pris des deux côtés pour relancer la coopération bilatérale, y compris sur les sujets migratoires.

Reste à savoir si ces promesses se traduiront dans les faits. L’enjeu est de taille pour les autorités françaises, régulièrement pointées du doigt pour leur manque d’efficacité dans la lutte contre l’immigration irrégulière. Avec près de 7500 OQTF visant des Algériens chaque année, pour seulement 500 expulsions effectives, la marge de progression est importante.

Un sujet éminemment politique et sensible

Au-delà des considérations techniques et administratives, la question des OQTF cristallise de nombreuses tensions politiques et sociétales. Entre la nécessité de faire respecter le droit et la volonté d’intégrer les populations immigrées, l’équation est complexe à résoudre.

Une chose est sûre, le dossier des reconduites à la frontière, et plus particulièrement la problématique algérienne, sera scruté de près dans les prochains mois. Il constitue un test grandeur nature de la capacité de la France à maîtriser ses flux migratoires et à obtenir la coopération de ses partenaires, dans un contexte diplomatique et géopolitique plus que jamais incertain.

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