L’État américain de l’Alabama a une nouvelle fois été sous le feu des projecteurs après l’exécution controversée d’un condamné à mort ce jeudi. Jamie Ray Mills, 50 ans, a été déclaré mort à 18h26 heure locale des suites d’une injection létale, seulement la deuxième depuis le début de l’année dans cet État du sud des États-Unis. Mais au-delà du crime odieux pour lequel il avait été condamné, le meurtre particulièrement brutal d’un couple de personnes âgées lors d’un cambriolage en 2004, c’est la méthode utilisée pour son exécution qui suscite l’indignation.
L’Alabama, État qui concentre les controverses sur la peine de mort
Déjà en février dernier, l’Alabama avait fait parler de lui en étant le premier État au monde à utiliser l’inhalation d’azote pour mettre à mort un condamné, Kenneth Eugene Smith. Une méthode inédite et cruel selon l’ONU, qui l’a comparée à “une forme de torture”. Sur les 24 exécutions réalisées dans le pays en 2023, toutes l’ont été par injection létale, sauf celle de Kenneth Smith donc.
L’Alabama concentre depuis plusieurs années les controverses sur l’application de la peine capitale aux États-Unis. En 2022 déjà, l’exécution de Joe Nathan James y avait pris près de 3 heures, un record. De quoi relancer le débat sur la cruauté de ces méthodes, dénoncée par les opposants à la peine de mort. La dernière exécution en date ne va donc pas calmer les esprits.
Un crime brutal qui divise l’opinion
Car au-delà des méthodes, le crime commis par Jamie Ray Mills ne fait pas l’unanimité sur le recours à la peine capitale. L’homme de 50 ans avait été reconnu coupable du meurtre de Floyd et Vera Hill, respectivement 87 et 72 ans, dans des conditions particulièrement atroces. Lors d’un cambriolage, Mills les avait sauvagement attaqué à coups de couteau et d’objets contondants, dont un marteau. Sa femme qui l’accompagnait, condamnée à perpétuité, avait témoigné contre lui au procès.
Certains estiment qu’un tel acte ne peut être puni que par la mort. D’autres jugent la peine de mort inhumaine et préconisent la perpétuité, surtout au vu des ratés et controverses concernant les exécutions.
Un moratoire attendu dans de plus en plus d’États
À ce jour, 23 États américains sur 50 ont aboli la peine de mort. Et la tendance est au moratoire dans une demi-douzaine d’autres comme la Californie ou la Pennsylvanie. Les gouverneurs y ont pris la décision de suspendre les exécutions, sans pour autant abolir la peine capitale dans la loi. Un entre-deux qui permet d’apaiser le débat en attendant une éventuelle abolition.
Mais dans le Sud, de la Floride au Texas en passant donc par l’Alabama, on n’en prend pas le chemin. Les élus locaux restent attachés à ce châtiment suprême, malgré les multiples polémiques sur les conditions dans lesquelles il est appliqué. Ils sont soutenus par une partie de l’opinion publique, environ 60% des Américains demeurant favorables à la peine de mort selon les sondages.
La justice a le devoir d’être ferme face aux crimes les plus odieux. La peine de mort n’est pas une vengeance, mais un châtiment approprié dans certains cas.
Kay Ivey, gouverneure républicaine de l’Alabama
Malgré ce soutien, les États pratiquant toujours la peine capitale sont de plus en plus isolés. Et chaque exécution controversée comme celle de Jamie Ray Mills cette semaine érode un peu plus sa légitimité aux yeux d’un nombre grandissant d’Américains. Jusqu’à son abolition pure et simple un jour dans l’ensemble du pays ?
Une perspective qui semble encore lointaine au vu des divisions profondes sur le sujet. En attendant, les couloirs de la mort continuent de se remplir, pour des exécutions toujours plus contestées. Une impasse dont il faudra bien sortir.