Imaginez des champs fertiles et résilients, capables de nourrir le monde tout en résistant aux aléas du changement climatique. C’est la promesse de l’agriculture régénératrice, une approche qui vise à restaurer la santé et la biodiversité de nos sols. Alors que la conférence de l’ONU contre la désertification (COP16) vient de s’achever à Ryad, les partisans de cette méthode plaident pour un changement de cap urgent.
Guérir les Sols pour Mieux Nourrir la Planète
L’agriculture intensive a progressivement épuisé et dégradé les terres arables. Résultat : des sols appauvris, moins fertiles et plus vulnérables aux sécheresses et inondations. Face à ce constat alarmant, l’agriculture régénératrice propose une alternative durable.
Selon Praveena Sridhar, directrice scientifique de Save Soil Movement, ces pratiques permettent de restaurer la biodiversité des sols, les rendant ainsi plus résistants aux événements climatiques extrêmes. Parmi les techniques clés : la plantation d’arbres et l’utilisation de légumineuses, qui améliorent la rétention d’eau et la résilience face à la sécheresse.
Des Sols Restaurés, des Aliments plus Nutritifs
Au-delà de la simple reforestation, l’agriculture régénératrice se concentre sur l’enrichissement global des terres cultivées. En variant les cultures avec des légumes, céréales et légumineuses, il devient possible de produire des aliments plus denses en micronutriments bénéfiques pour la santé.
Une orange aujourd’hui contient dix fois moins de nutriments qu’il y a un siècle.
– Praveena Sridhar, Save Soil Movement
Lutter Contre le Changement Climatique
L’agriculture régénératrice joue aussi un rôle crucial dans la lutte contre le réchauffement planétaire. Des sols dégradés et exploités intensivement libèrent du carbone dans l’atmosphère, aggravant l’effet de serre. À l’inverse, des terres bien gérées peuvent capter et stocker ce carbone, devenant ainsi des alliées précieuses pour le climat.
Lever les Freins Financiers
Malgré ses nombreux atouts, l’agriculture régénératrice peine encore à se démocratiser à grande échelle. L’un des principaux obstacles : le financement, souvent inaccessible aux pays à faible revenu en raison de taux d’intérêt prohibitifs.
Pour lever ces barrières, Praveena Sridhar appelle les institutions comme la Banque mondiale et le FMI à faciliter l’accès aux fonds dédiés à la régénération des sols. Une condition sine qua non pour permettre aux agriculteurs du monde entier d’adopter ces pratiques vertueuses.
Des Exemples Prometteurs en Inde
En Inde, où opère Save Soil Movement, les bénéfices de l’agriculture régénératrice commencent déjà à se faire sentir. Dans le bassin du Cauvery, des projets de plantation d’arbres ont permis d’améliorer la qualité de l’eau et la fertilité des sols.
Au niveau individuel aussi, les agriculteurs constatent des changements positifs. L’un d’eux, en transition vers ces méthodes durables, a vu ses rendements augmenter même en période de sécheresse. Des résultats encourageants qui démontrent tout le potentiel de cette approche.
Unir les Efforts à l’Échelle Mondiale
Pour amplifier l’impact de l’agriculture régénératrice, une meilleure synergie entre les différentes conventions environnementales de l’ONU apparaît indispensable. Trop souvent cloisonnées, celles sur la biodiversité, la désertification et le climat gagneraient à collaborer plus étroitement.
Les écosystèmes sont interconnectés : réparer un sol, c’est aussi réparer l’eau et la biodiversité.
– Praveena Sridhar, Save Soil Movement
À l’heure où l’humanité fait face à des défis écologiques sans précédent, l’agriculture régénératrice offre une lueur d’espoir. En restaurant la santé de nos sols, elle ouvre la voie vers un système alimentaire plus durable, résilient et nourricier. Un chemin certes exigeant, mais vital pour les générations présentes et futures.
