C’est un fait divers aussi choquant que révoltant qui s’est déroulé en plein cœur de Cannes, la cité balnéaire réputée pour son festival de cinéma et son faste. Angèle, une mamie de 89 ans, a été sauvagement agressée par trois mineurs, et ce pour seulement une poignée d’euros. Une agression d’une violence inouïe qui a suscité une vague d’indignation dans tout le pays.
Le Déroulement De L’Agression
Lundi 29 août, il est un peu plus de midi lorsqu’Angèle, 89 ans, rentre chez elle après avoir fait quelques courses. Alors qu’elle pénètre dans le hall de sa résidence, située dans le quartier de La Bocca à Cannes, elle est violemment frappée à la tête par derrière. Sous la violence du coup, l’octogénaire s’effondre, inanimée. Son agresseur, âgé de seulement 14 ans, lui vole son sac à main qui ne contient qu’une dizaine d’euros. Pendant ce temps-là, un deuxième individu de 15 ans fait le guet, tandis qu’un troisième, également âgé de 14 ans, filme la scène avec son téléphone portable.
Ce n’est que quelques minutes plus tard qu’Angèle est découverte, gisant au sol, par le gardien de sa résidence. Pensant d’abord à une chute accidentelle, il constate rapidement les multiples hématomes sur le visage tuméfié de la vieille dame et donne l’alerte.
Les Séquelles Physiques Et Psychologiques
Transportée en urgence à l’hôpital, Angèle souffre de multiples fractures au visage et de nombreuses contusions. Bien que ses jours ne soient pas en danger, le choc psychologique est immense. À son réveil, la mamie de 89 ans, sous le choc, ne se souvient même plus avoir été agressée. Les séquelles, tant physiques que psychologiques, seront longues à surmonter pour cette dame d’ordinaire si joviale et dynamique malgré son âge avancé.
Je ne suis pas trop en colère, est-ce de leur faute ou celle de leur parents ?
– Angèle Houin, la victime de 89 ans
L’Arrestation Des Agresseurs Mineurs
Grâce aux images de vidéosurveillance, les trois agresseurs, bien connus des services de police, ont rapidement été identifiés et interpellés. Âgés de seulement 14 et 15 ans, ils ont d’abord tenté de nier les faits avant de passer aux aveux face aux preuves accablantes. Placés en garde à vue, ils ont ensuite été déférés devant un juge pour enfants.
Selon les informations qui ont filtré, les trois mineurs n’auraient exprimé aucun remords sincère, ni pris conscience de la gravité de leur geste lors de leurs auditions. Un constat affligeant qui en dit long sur leur absence totale de repères.
Un Procès Très Attendu
C’est le 30 novembre 2022 que s’est tenu le procès très attendu des trois mineurs devant le tribunal pour enfants de Grasse. Une audience qui s’est déroulée dans une ambiance particulièrement tendue, les avocats de la défense tentant par tous les moyens de minimiser la responsabilité de leurs clients.
Pour Me Jawed Dani, l’avocat d’Angèle, l’attitude des jeunes agresseurs lors de l’audience était révélatrice :
L’audience était longue et lourde, et l’ambiance était tendue. La défense était agressive, qui s’opposait à ce qu’on revoit les images de l’agression. Durant l’instruction, l’attitude des mineurs est encore inappropriée. Certes, on nous a formellement présenté des excuses, mais cela manquait de sincérité. Et il n’y a pas eu véritablement de profil bas, on n’a pas ressenti de véritable prise de conscience de la gravité des faits, c’est ce qui est le plus désolant.
– Maître Jawed Dani, avocat de la victime
Au final, le tribunal a reconnu coupables les deux mineurs ayant porté les coups et dérobé le sac de la victime. Ils seront fixés sur leur peine lors d’une audience ultérieure prévue en juin 2023. D’ici là, ils ont été placés en centre éducatif fermé. Le troisième larron, qui avait filmé la scène, a quant à lui bénéficié d’une relaxe.
Une Affaire Qui A Suscité L’Indignation Nationale
Au-delà de son caractère sordide, l’agression ultra-violente d’Angèle, une mamie sans histoire, pour un butin dérisoire, par de très jeunes mineurs, a suscité une immense vague d’indignation dans tout le pays. De nombreuses personnalités politiques ont vivement réagi, à l’instar du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
Mais c’est surtout la réaction du maire de Cannes, David Lisnard, qui a marqué les esprits. Dans une lettre ouverte adressée au ministre de l’Intérieur, l’édile cannois a demandé que “l’excuse de minorité” soit levée pour des faits d’une telle gravité. Il a également réclamé que les agresseurs soient interdits de séjour à Cannes et que les aides sociales versées à leurs familles soient suspendues.
Des propos musclés et controversés, dictés par l’émotion, comme en témoigne ce tweet de David Lisnard :
J’ajoute, en essayant de ne pas me laisser aller, que s’il s’agissait de ma mère qui avait été ainsi agressée, en connaissant l’identité des minables auteurs de cette abjection, c’est peut-être moi qui serais aujourd’hui en prison.
– David Lisnard, maire de Cannes
Des Questions Sur L’Efficacité De La Justice Des Mineurs
Alors que le procès en appel des deux principaux agresseurs doit se tenir prochainement, cette affaire pose une nouvelle fois la question de la justice des mineurs et de son efficacité. Car quelques mois à peine après leur condamnation, les deux mineurs ont de nouveau été interpellés au volant d’une voiture volée après un refus d’obtempérer. Visiblement peu enclins à saisir la seconde chance qui leur avait été accordée…
Quant à Angèle, si ses blessures physiques ont fini par cicatriser, le traumatisme, lui, est toujours présent. À 89 ans, cette mamie dynamique a perdu son insouciance et sa joie de vivre, hantée par le souvenir de cette terrible agression.
Une affaire sordide qui en dit long sur la violence gratuite qui gangrène notre société et sur le manque de repères d’une partie de la jeunesse. Et qui pose, une fois de plus, la question de la responsabilité des parents et de l’efficacité de notre système judiciaire face à la délinquance des mineurs.
