Le ciel s’assombrit au-dessus du secteur bancaire français. Mardi soir, l’agence de notation américaine Moody’s a dégradé la note de sept établissements tricolores de premier plan : BNP Paribas, Crédit Agricole SA, Crédit Agricole Corporate and Investment Bank, les banques régionales du Crédit Agricole, la Banque Fédérative du Crédit Mutuel (BFCM), le CIC et le Crédit Mutuel Arkea (CMA). Leurs notes passent ainsi de Aa3 à A1.
Une décision en réaction à la dégradation de la note souveraine française
Cette vague de dégradations fait directement suite à l’abaissement vendredi dernier par Moody’s de la note souveraine de la France. Celle-ci est passée de Aa2 avec perspective négative à Aa3 avec perspective stable. Selon l’agence, cette décision reflète sa conviction que « les finances publiques de la France seront considérablement affaiblies au cours des prochaines années », dans un contexte de fragmentation politique accrue qui rendra plus difficile la mise en œuvre de réformes significatives.
« L’incertitude augmente quant à la capacité du prochain gouvernement à réduire le déficit au-delà de l’année prochaine »
Moody’s
Des banques fragilisées par la crise politique ?
La chute du gouvernement et la dissolution de l’Assemblée nationale en juin ont ouvert une période d’incertitude politique en France. Une situation qui préoccupe les agences de notation. « La fragmentation politique est plus susceptible d’entraver une consolidation budgétaire significative », estime ainsi Moody’s.
Conséquence : depuis ces événements, les grandes banques françaises souffrent en Bourse. Leurs cours, très volatils, fluctuent au gré des nouvelles politiques. Un phénomène qui accentue leur décote par rapport au reste du secteur bancaire européen.
Quel impact sur les banques concernées ?
À court terme, cette dégradation ne devrait pas avoir de conséquences majeures pour les banques visées. Mercredi à la mi-journée, les cours de Bourse de BNP Paribas et du Crédit Agricole ne souffraient pas de cette annonce. Il faut dire qu’une dégradation d’un cran par une agence de notation est un événement relativement fréquent et anticipé par les marchés.
Néanmoins, si la situation politique et budgétaire française continuait de se dégrader, cela pourrait peser plus lourdement sur la notation et donc le financement des banques. Une perspective qui n’est pas à exclure tant que la crise actuelle perdure.
La France sous pression
Plus globalement, cette décision de Moody’s met une nouvelle fois en lumière les défis budgétaires auxquels la France est confrontée. Avec une dette publique qui frôle les 3000 milliards d’euros et des déficits qui peinent à se résorber, l’Hexagone est dans le collimateur des agences de notation.
Une pression qui devrait perdurer dans les mois à venir. Selon certains experts, la France pourrait avoir à lever jusqu’à 300 milliards d’euros sur les marchés en 2025 pour financer ses déficits, un niveau historique. Dans ce contexte, garder la confiance des investisseurs sera crucial. Mais cela nécessitera des efforts budgétaires significatifs, un défi complexe en période d’instabilité politique.
La dégradation de la note des banques françaises par Moody’s est donc un signal supplémentaire des défis économiques et financiers qui attendent le prochain gouvernement, quel qu’il soit. Résorber les déficits, endiguer la dette, tout en préservant la croissance et la cohésion sociale : l’équation s’annonce compliquée à résoudre pour les futurs locataires de Bercy et de Matignon.