Imaginez des rythmes endiablés qui font vibrer votre corps, des mélodies entêtantes qui vous transportent instantanément sous le soleil brûlant de Lagos. Bienvenue dans l’univers de l’Afrobeat, ce genre musical né au Nigeria dans les années 60 sous l’impulsion de pionniers comme Fela Kuti et Tony Allen. Mais saviez-vous que ces sonorités irrésistibles ont depuis conquis le monde entier, s’invitant dans les compositions de groupes aussi éloignés géographiquement que culturellement ? C’est ce voyage au cœur d’un métissage musical sans frontières que nous vous proposons de découvrir.
Quand le Japon s’enflamme au son de l’Afrobeat
Direction le pays du Soleil Levant avec le groupe Ajate, basé à Tokyo. Fondé en 2009 par John Imaeda, ce collectif de dix musiciens a créé le concept novateur d'”afrobayashi”, mariant avec audace les rythmiques imparables de l’Afrobeat aux sonorités traditionnelles japonaises de l’ohayashi. Un mélange des genres pour le moins surprenant mais terriblement efficace, à l’image de leur troisième album “Dala Toni” sorti en mai dernier.
Le secret de cette fusion réussie ? Des instruments inédits comme des versions électriques du balafon et du ngoni ouest-africains, fabriqués par le leader lui-même en bambou. Le résultat est une musique explosive et jubilatoire, qui ne vous laissera pas indifférent. Le clip déjanté du morceau “Waya Yawa”, véritable “hymne des ivrognes” selon les mots du groupe, en est la parfaite illustration.
L’Allemagne aussi sous le charme
Cap maintenant sur Leipzig avec le groupe Oluma et son premier album “Cooking Time”. Ici, l’Afrobeat se teinte de funk, de jazz et même d’influences brésiliennes pour un groove chaleureux et enveloppant. Formé en 2021, ce combo de neuf musiciens livre une prestation instrumentale des plus généreuses où la rigueur côtoie l’inventivité.
Leur morceau “Felantropique”, qui ouvre l’album, est un vibrant hommage à Fela Kuti, le père fondateur de l’Afrobeat. Une belle manière d’affirmer son identité musicale tout en revendiquant un héritage assumé. Nul doute que cette joyeuse bande, armée d’un son vintage imparable, fera parler d’elle dans les années à venir.
Retour aux sources avec Dele Sosimi
Impossible d’évoquer l’Afrobeat à l’international sans parler de Dele Sosimi. Ancien claviériste de Fela Kuti au sein de son mythique groupe Egypt 80 puis directeur musical de The Positive Force avec Femi Kuti, il n’a cessé de faire vivre la flamme de ce style unique depuis son retour à Londres en 1995, sa ville natale.
Son dernier album “The Confluence LP”, réalisé avec The Estuary 21 dirigé par Sam Duckworth, est un parfait exemple de son ouverture musicale. Les onze titres proposés conjuguent brillamment Afrobeat, jazz et autres influences pour une expérience immersive des plus grisantes. Quand deux générations et deux continents se rencontrent, cela donne une musique d’une richesse folle qui démontre la vitalité intacte de ce courant.
L’Afrobeat a ceci de fascinant qu’il est capable de s’acclimater et de se réinventer sous toutes les latitudes, en se nourrissant d’influences multiples.
Tony Allen, co-créateur de l’Afrobeat
Des sound systems de Tokyo aux clubs enfumés de Londres en passant par la scène alternative de Leipzig, l’Afrobeat n’a décidément pas fini de nous faire danser. Plus qu’un simple genre musical, c’est un état d’esprit, une invitation au partage et au dépassement des frontières. Alors, prêts à embarquer pour ce voyage au cœur des musiques africaines et de leurs fusions enivrantes aux quatre coins de la planète ?
