Alors que Donald Trump vient de remporter l’élection présidentielle américaine, le continent africain s’interroge sur l’avenir de ses relations avec les États-Unis. Raila Odinga, candidat kényan au poste de président de la Commission de l’Union Africaine (UA), a tenu à nuancer ses propos sur le sujet lors d’un entretien accordé récemment.
Une Afrique ouverte mais vigilante
Raila Odinga, figure politique majeure au Kenya, a déclaré qu’il ne souhaitait pas « préjuger de rien » concernant la future politique africaine de Donald Trump. Tout en se montrant ouvert, il a cependant affirmé que le continent africain avait « d’autres amis » si le nouveau président américain ne souhaitait pas travailler avec l’Afrique.
Le message est clair : l’Afrique est prête à nouer de nouveaux partenariats si nécessaire. Odinga a toutefois nuancé ses propos, soulignant qu’il ne fallait pas « être partial et condamner Donald Trump » avant de connaître sa position sur l’Afrique.
Un passif à surmonter
Les relations entre Donald Trump et l’Afrique ont été marquées par quelques polémiques lors de son premier mandat. Il avait notamment évoqué par erreur le système de soins de la « Nambie » au lieu de la Namibie lors d’un discours à l’ONU. Mais c’est surtout ses propos qualifiant Haïti et des pays africains de « pays de merde » qui avaient suscité l’indignation à travers le monde.
Face à ce passif, Raila Odinga se veut rassurant. Pour lui, il s’agissait du « Trump d’avant » et il faut désormais composer avec un « nouveau Trump ». Une manière de tourner la page et d’envisager un nouveau départ dans les relations américano-africaines.
Le Kenya, un acteur clé
Le Kenya semble en tout cas jouer un rôle important dans ce dialogue naissant. Le président kényan William Ruto, qui soutient la candidature de Raila Odinga à la présidence de l’UA, a eu un échange téléphonique avec Donald Trump peu après sa victoire.
Lors de cet appel, William Ruto a notamment évoqué la mission internationale menée par le Kenya en Haïti. Un sujet qui tient à cœur à son pays et qui pourrait constituer un point de convergence avec les États-Unis.
Raila Odinga, un combattant aguerri
Quant à Raila Odinga, sa candidature à la présidence de la Commission de l’Union Africaine s’inscrit dans la continuité de son long combat politique. Engagé dès les années 1980 contre le régime de parti unique au Kenya, il a connu la détention arbitraire et l’exil.
Aujourd’hui, à 79 ans, il entend mettre son expérience au service de l’UA, une institution dont le président est élu par vote secret des États membres. S’il est élu, il succèdera au Tchadien Moussa Faki Mahamat pour un mandat de 4 ans, renouvelable une fois.
Une élection cruciale pour l’avenir du continent
L’élection du prochain président de la Commission de l’Union Africaine revêt une importance particulière dans le contexte géopolitique actuel. Avec la montée en puissance de nouvelles alliances et l’évolution des rapports de force mondiaux, l’Afrique doit parler d’une voix forte et unie pour défendre ses intérêts.
Les candidats en lice, outre Raila Odinga, sont le Djiboutien Mahamoud Ali Youssouf, le Mauricien Anil Gayan et le Malgache Richard Randriamandrato. Chacun apporte sa vision et ses priorités pour le développement et l’intégration du continent.
Quel avenir pour les relations Afrique-USA ?
Au final, l’avenir des relations entre l’Afrique et les États-Unis sous la présidence de Donald Trump reste à écrire. Si le passé peut susciter quelques inquiétudes, la volonté affichée de part et d’autre d’ouvrir un nouveau chapitre est un signal positif.
L’Afrique, forte de ses atouts et de sa jeunesse, entend en tout cas peser dans le jeu international. Et elle semble déterminée à ne pas laisser les aléas de la politique américaine dicter son destin. Comme l’a souligné Raila Odinga, d’autres partenariats sont possibles si nécessaire.
Une chose est sûre : le prochain président de la Commission de l’Union Africaine, qu’il s’agisse de Raila Odinga ou d’un autre candidat, aura un rôle clé à jouer pour porter la voix de l’Afrique dans ce monde en mutation. Un défi passionnant et crucial pour l’avenir du continent.