L’agence de presse américaine Associated Press (AP) traverse une période de turbulences. Confrontée à la transformation rapide du secteur des médias et à une crise économique qui frappe durement la presse, l’agence historique a annoncé lundi un plan de restructuration d’envergure.
Dans un courriel interne adressé aux équipes, Daisy Veerasingham, présidente d’AP, a dévoilé les grandes lignes de ce plan : un programme de départs volontaires sera proposé et des postes seront purement et simplement supprimés. Au total, ce sont 8% des effectifs de l’agence qui seront touchés par cette réorganisation, dont un peu moins de la moitié au sein de la rédaction.
Une agence centenaire face aux défis du numérique
Fondée en 1846 par des journaux new-yorkais, AP a longtemps été une référence incontournable dans le paysage médiatique américain et international. Mais à l’heure où l’information se consomme de plus en plus en ligne, l’agence doit évoluer pour s’adapter aux nouvelles attentes de ses clients et à la concurrence féroce des médias numériques.
Malgré ses efforts pour se diversifier et trouver de nouvelles sources de revenus ces dernières années, AP reste très dépendante de ses activités traditionnelles : la vente d’articles, de photos et de vidéos aux organes de presse. Un modèle économique fragilisé par la crise que traverse le secteur.
Des clients qui changent, des besoins qui évoluent
« Nous savons tous que le secteur des médias traverse une période de transformation. Nos clients – à la fois qui ils sont et ce qu’ils attendent de nous – évoluent rapidement », a souligné Daisy Veerasingham dans son message aux salariés. Pour la dirigeante, il est urgent d’accélérer la mutation de l’agence pour répondre à ces nouveaux enjeux.
Nous devons maintenant accélérer sur cette voie.
Daisy Veerasingham, présidente d’AP
L’essentiel des changements devrait avoir lieu aux États-Unis, où AP entend rester présente dans les 50 États tout en faisant évoluer son offre. Mais l’agence assure qu’elle restera attachée à sa couverture internationale de l’actualité.
Le spectre des élections américaines
Cette restructuration intervient dans un contexte particulier pour Associated Press. L’agence joue en effet un rôle central dans la couverture des élections américaines, grâce à ses projections basées sur les sondages et les premiers résultats. Une mission cruciale qui lui confère une grande visibilité, mais aussi une lourde responsabilité.
Alors que le pays s’apprête à vivre une nouvelle campagne présidentielle en 2024, certains observateurs s’inquiètent de l’impact que pourrait avoir cette réorganisation sur la capacité d’AP à assurer ce travail dans les meilleures conditions. D’autant que deux grands groupes de presse locaux, Gannett et McClatchy, ont récemment annoncé qu’ils n’utiliseraient plus les contenus de l’agence.
Les salariés dans l’expectative
Du côté des employés d’AP, c’est l’inquiétude qui domine. Si la direction assure vouloir privilégier les départs volontaires, beaucoup craignent des licenciements secs dans les prochains mois. Les syndicats ont d’ores et déjà fait part de leur préoccupation et réclament des garanties pour les salariés concernés.
Dans ce climat d’incertitude, les journalistes de l’agence tentent malgré tout de rester concentrés sur leur mission d’information. Car au-delà des enjeux économiques et sociaux, c’est aussi la qualité et l’indépendance de la couverture de l’actualité qui sont en jeu.
La restructuration annoncée par Associated Press est un nouveau signe des profondes mutations qui bouleversent le paysage médiatique. Face à la révolution numérique et à la crise de la presse, même les plus grandes agences sont contraintes de se réinventer pour survivre. Une transformation douloureuse, mais sans doute nécessaire pour continuer à jouer leur rôle essentiel au service du public.
