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L’Afghanistan Participe à la COP29, Première Depuis le Retour des Talibans

Coup de théâtre à la COP29 : l'Afghanistan des talibans fait son grand retour sur la scène climatique internationale. Une participation qui soulève des questions, alors que le pays peine à faire face aux catastrophes naturelles...

C’est une première depuis le retour au pouvoir des talibans en 2021. L’Afghanistan, isolé sur la scène internationale, va participer à la COP29 sur le climat qui s’ouvre ce lundi à Bakou en Azerbaïdjan. Un retour remarqué pour ce pays, le 6ème plus vulnérable au changement climatique, qui n’était plus associé aux grandes discussions environnementales.

L’Afghanistan plaide pour être réintégré malgré l’isolement

Aucun État au monde ne reconnaît le gouvernement taliban mis en place il y a deux ans, suite au retrait des troupes américaines. Pourtant, l’Afghanistan entend bien faire entendre sa voix à la COP29. “Une délégation du gouvernement afghan sera à Bakou”, a confirmé un porte-parole du ministère des Affaires étrangères à l’AFP.

Une participation loin d’être évidente, puisque jusqu’à présent les responsables de l’agence afghane pour l’environnement (NEPA) n’avaient jamais pu obtenir les visas nécessaires pour assister aux précédents sommets. Cette fois, l’Azerbaïdjan, pays hôte qui a rouvert son ambassade à Kaboul en février, semble avoir facilité les choses.

Faire des questions environnementales une priorité malgré les crises

Pour la NEPA, hors de question que la rupture diplomatique avec la communauté internationale ne s’applique aux enjeux climatiques. “Le changement climatique est un sujet humanitaire”, a martelé son numéro deux dans des déclarations à l’AFP, appelant à ne pas lier ces questions à la politique.

“Nous appelons la communauté internationale à ne pas lier les questions de changement climatique à la politique”

Zainulabedine Abid, numéro deux de la NEPA

L’Afghanistan, en proie à une grave crise humanitaire et économique, fait face à des catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes et dévastatrices, que les scientifiques lient au réchauffement. Rien qu’en mai dernier, plus de 350 Afghans ont péri dans des crues subites. Le pays est aussi frappé par des vagues de chaleur et de sécheresses sans précédent.

Faire reconnaître le statut de victime climatique

En participant à la COP29, l’Afghanistan espère obtenir le statut d'”observateur”. Un premier pas pour réintégrer les discussions, alors que le pays avait signé l’Accord de Paris en 2015. A l’époque, il s’était engagé à présenter régulièrement ses “contributions” pour limiter le réchauffement, un dossier laissé en suspens par le changement de régime.

Surtout, les autorités afghanes veulent faire reconnaître l’injustice de la situation. Le pays n’est responsable que de 0,08% des émissions mondiales de CO2, un chiffre “dérisoire” selon la NEPA. Pourtant, il fait partie des nations les plus touchées par les impacts du changement climatique.

Vers une réintégration progressive sur la scène environnementale ?

Après Bakou, l’Afghanistan a déjà dans le viseur la COP16 sur la désertification, prévue en Arabie Saoudite en décembre. Les talibans comptent sur ce pays pour délivrer les précieux sésames, malgré l’absence de reconnaissance officielle de leur gouvernement.

Une stratégie des petits pas pour réintégrer, à défaut du concert des nations, au moins les discussions sur l’urgence climatique. Un dossier que l’Afghanistan juge vital et espère déconnecter des considérations géopolitiques. Reste à voir si la communauté internationale sera disposée à jouer le jeu.

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