Dans les rues animées de Kaboul, une tension silencieuse s’installe. Des femmes, vêtues d’abayas et de voiles, sont arrêtées, parfois poussées de force dans des camionnettes par des brigades talibanes. Pourquoi ? Un maquillage jugé trop voyant, un hijab porté de manière jugée inappropriée. Ces scènes, rapportées par des témoins, soulignent une réalité brutale : en Afghanistan, sous le régime taliban, la liberté des femmes s’effrite un peu plus chaque jour.
Une Répression Croissante Sous les Talibans
Depuis leur retour au pouvoir en 2021, les talibans ont imposé une interprétation ultra-stricte de la loi islamique. Leur objectif ? Contrôler chaque aspect de la vie des femmes, de leur tenue vestimentaire à leur présence dans l’espace public. Le port du hijab, couvrant le corps de la tête aux pieds, est devenu une obligation incontournable. Mais cette règle ne se limite pas à un simple code vestimentaire : elle symbolise une volonté de restreindre les libertés fondamentales.
Entre le 16 et le 19 juillet, des incidents marquants ont eu lieu à Kaboul. Des femmes ont été interpellées dans les quartiers les plus fréquentés de la capitale par les brigades du ministère de la Propagation de la vertu et Prévention du vice. Ces unités, chargées de faire respecter les règles talibanes, patrouillent avec une autorité implacable. Selon des témoignages, certaines femmes, pourtant vêtues d’abayas, ont été arrêtées pour des détails comme un maquillage trop prononcé.
J’ai vu des femmes se faire pousser dans un van par un homme armé. Elles portaient des voiles, mais ça ne semblait pas suffire.
Témoin anonyme à Kaboul
L’ONU Tire la Sonnette d’Alarme
Face à ces événements, l’Organisation des Nations unies, via sa Mission d’assistance en Afghanistan (Manua), a exprimé une vive inquiétude. Dans un communiqué, elle a dénoncé une série d’arrestations visant des femmes et des jeunes filles pour non-respect présumé des règles vestimentaires. Ces actes, loin d’être isolés, renforcent un climat de peur et d’isolement pour la population féminine.
La Manua a également tenté d’ouvrir un dialogue avec les autorités talibanes, mais celles-ci nient toute arrestation. Selon un porte-parole du ministère, les brigades se contentent de « promouvoir » le port du hijab, sans procéder à des interpellations. Une affirmation qui contraste avec les récits des habitants de Kaboul, qui décrivent des scènes de contrainte et d’intimidation.
Fait marquant : Les brigades talibanes, souvent composées de femmes pour interpeller leurs semblables, utilisent parfois la force pour faire respecter les règles. Ce paradoxe illustre la complexité de la situation.
Un Apartheid de Genre en Marche
Depuis quatre ans, les restrictions imposées aux femmes afghanes se multiplient. Les talibans ont banni les femmes des parcs, des salles de sport, des instituts de beauté et des universités. Une loi récente va encore plus loin, interdisant aux femmes de chanter ou de déclamer de la poésie en public, les incitant à « voiler leur voix ». Certaines radios et télévisions locales ont même cessé de diffuser des voix féminines, effaçant peu à peu leur présence dans l’espace public.
Ces mesures ont conduit l’ONU à qualifier la situation d’apartheid de genre. Ce terme, lourd de sens, reflète une marginalisation systématique des femmes, reléguées à un statut de second plan. En isolant les femmes, les talibans ne se contentent pas de limiter leurs libertés : ils sapent leur dignité et leur place dans la société.
- Interdiction des loisirs : Parcs et salles de sport inaccessibles.
- Exclusion éducative : Universités fermées aux femmes.
- Silence imposé : Interdiction de chanter ou de réciter de la poésie.
- Contrôle vestimentaire : Hijab obligatoire sous peine de sanctions.
Le Déni des Talibans
Face aux critiques internationales, les autorités talibanes adoptent une posture de déni. Elles affirment que la loi islamique « garantit » les droits de tous et que les accusations de discrimination sont infondées. Pourtant, les témoignages et les rapports de l’ONU dressent un tableau bien différent. Les femmes afghanes vivent dans un climat de peur, où chaque sortie dans l’espace public peut devenir une épreuve.
Ces incidents contribuent à isoler davantage les femmes et les filles, à entretenir un climat de peur et à saper la confiance de la population.
Communiqué de la Manua
Ce déni des talibans complique toute tentative de dialogue. En refusant d’admettre la réalité des arrestations, ils ferment la porte à une discussion constructive sur les droits des femmes. Cette attitude renforce l’isolement de l’Afghanistan sur la scène internationale, où les critiques se multiplient.
Les Conséquences d’une Répression Continue
Les restrictions imposées par les talibans ne se limitent pas à des règles vestimentaires. Elles ont un impact profond sur la société afghane dans son ensemble. Les femmes, autrefois actives dans les sphères éducatives, professionnelles et culturelles, se retrouvent marginalisées. Cette exclusion a des répercussions économiques, sociales et psychologiques.
Sur le plan économique, l’interdiction d’accès à l’éducation et à certains emplois limite les opportunités pour les femmes, aggravant la pauvreté dans un pays déjà fragilisé. Socialement, l’isolement des femmes fragilise les liens communautaires, les familles se retrouvant privées de la contribution féminine. Psychologiquement, le climat de peur et de répression pèse lourdement sur les esprits.
Domaine | Impact |
---|---|
Éducation | Interdiction des universités pour les femmes. |
Économie | Réduction des opportunités professionnelles. |
Société | Marginalisation et isolement des femmes. |
Un Appel à l’Action Internationale
La situation en Afghanistan ne peut laisser indifférent. L’ONU, par le biais de la Manua, appelle à une mobilisation internationale pour faire pression sur les talibans. Mais les défis sont nombreux. Les sanctions économiques et l’isolement diplomatique n’ont jusqu’à présent pas infléchi la politique du régime. La question reste : comment soutenir les femmes afghanes sans aggraver les tensions dans un pays déjà en crise ?
Des organisations non gouvernementales et des militants des droits humains proposent des solutions, comme le financement de programmes éducatifs clandestins ou le soutien à des initiatives culturelles permettant aux femmes de s’exprimer. Mais ces efforts se heurtent à la répression croissante et à l’absence de dialogue avec les autorités.
- Éducation clandestine : Soutenir les écoles secrètes pour filles.
- Expression culturelle : Encourager les initiatives artistiques féminines.
- Pression diplomatique : Mobiliser la communauté internationale.
Un Futur Incertain pour les Femmes Afghanes
Alors que les talibans poursuivent leur politique de restriction, l’avenir des femmes afghanes semble de plus en plus sombre. Chaque nouvelle mesure, qu’il s’agisse du contrôle vestimentaire ou de l’interdiction de chanter, resserre l’étau autour de leurs libertés. Pourtant, dans l’ombre, des voix continuent de s’élever, portées par des femmes courageuses qui refusent de se taire.
La communauté internationale, bien que limitée dans ses moyens d’action, doit trouver des moyens innovants pour soutenir ces femmes. Car au-delà des arrestations et des interdictions, c’est la dignité humaine qui est en jeu. En Afghanistan, le combat pour les droits des femmes est loin d’être terminé, et chaque pas compte.
En résumé : Les arrestations pour non-respect du hijab à Kaboul ne sont que la pointe de l’iceberg. Derrière ces actes se cache une volonté de contrôle total sur les femmes, dans un pays où leurs droits s’amenuisent chaque jour.
La situation en Afghanistan nous rappelle que les droits des femmes, bien que proclamés universels, restent fragiles face à des régimes autoritaires. À Kaboul, chaque femme qui brave les interdictions incarne une forme de résistance. Mais sans un soutien international fort, cette résistance risque de s’essouffler. Que peut-on faire pour changer la donne ?