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L’Affaire Jegou-Auradou : Recours Judiciaires En Série

La décision de justice est tombée mais l'affaire est loin d'être terminée. La plaignante compte bien faire entendre sa voix et obtenir gain de cause, quitte à aller jusqu'aux plus hautes instances. Une lutte sans merci s'annonce dans les prétoires.

L’affaire des rugbymen Oscar Jegou et Hugo Auradou, accusés de viol aggravé en Argentine cet été, est loin d’avoir livré tous ses secrets. Malgré le non-lieu prononcé le 10 décembre par la justice argentine en faveur des deux internationaux français, la plaignante ne compte pas en rester là. Son avocate, Me Natacha Romano, l’a assuré dans un entretien accordé à l’AFP : tous les recours judiciaires seront épuisés pour contester cette décision.

Les faits remontent à la nuit du 6 au 7 juillet, lors d’une soirée arrosée à Mendoza après un match de l’équipe de France. Une femme de 39 ans affirme avoir été agressée sexuellement par les deux joueurs dans leur hôtel. Mais pour la juge en charge du dossier, « l’acte enquêté ne constitue pas un délit ». Un raisonnement que l’avocate de la plaignante conteste fermement.

Un parcours judiciaire semé d’embûches

Me Romano pointe du doigt plusieurs éléments qui, selon elle, auraient dû peser dans la balance. À commencer par les ecchymoses présentées par sa cliente, dont l’origine a été attribuée par la défense à une maladie hématologique. Une thèse balayée par l’avocate, qui s’appuie sur le témoignage d’un hématologue excluant cette hypothèse. Pourtant, ce rapport d’expertise a été rejeté par les magistrats.

Autre point de crispation : le refus d’effectuer une inspection des lieux et des tests sonores pour déterminer si les appels à l’aide de la plaignante auraient pu être entendus. « Il y a eu des contradictions répétées entre les témoins », souligne Me Romano, qui dénonce une volonté de faire taire sa cliente.

Prête à aller jusqu’au bout

Face à ces obstacles, l’avocate se dit prête à « épuiser toutes les instances » d’appel, jusqu’aux plus hautes juridictions. La Cour de cassation de Mendoza, puis la Cour suprême provinciale et enfin la Cour suprême nationale seront saisies tour à tour. Et si cela ne suffit pas, la Commission interaméricaine des droits de l’homme pourrait être le dernier recours.

La consigne est d’épuiser toutes les instances d’appel jusqu’aux plus hautes juridictions.

Me Natacha Romano, avocate de la plaignante

Une procédure longue et complexe, mais nécessaire aux yeux de Me Romano pour que toutes les preuves soient « pleinement évaluées ». Car selon elle, certains éléments cruciaux ont été écartés de manière « surprenante » par le procureur, comme ce rapport médical contestant la thèse de la maladie hématologique.

Contre-attaque sur la diffamation

La défense des rugbymen, qui ont toujours clamé un rapport consenti, brandit de son côté la menace d’une plainte pour diffamation contre la plaignante. Une « pression psychologique » dénoncée par Me Romano, qui retourne l’argument : « Ce sont eux les diffamateurs », assure-t-elle, rappelant que l’identité de sa cliente a été rendue publique.

Assignés à résidence à Mendoza après un placement en détention provisoire, Oscar Jegou et Hugo Auradou ont finalement été autorisés à rentrer en France début septembre. Ils ont depuis retrouvé les terrains avec leurs clubs respectifs de Pau et La Rochelle, en attendant la suite de la procédure. Mais leur accusatrice, elle, semble déterminée à aller jusqu’au bout pour obtenir « justice ».

Cette affaire, qui ébranle le monde du rugby français, illustre la complexité et les défis des procédures judiciaires dans les cas d’agressions sexuelles présumées. Au-delà des décisions de justice, c’est aussi dans l’opinion que se joue une partie du combat. Et sur ce terrain-là, la partie est loin d’être terminée.

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