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L’affaire Dupont de Ligonnès revisitée en comédie trash

Et si l'affaire Xavier Dupont de Ligonnès devenait une comédie trash ? C'est le pari osé du film "Les Pistolets en plastique", qui transforme un fait divers sordide en un conte noir burlesque où les performances d'acteurs priment sur...

Et si l’un des faits divers les plus sordides de ces dernières années devenait le sujet d’une comédie trash ? C’est le pari pour le moins audacieux du film « Les Pistolets en plastique », qui s’empare librement de l’affaire Xavier Dupont de Ligonnès pour en tirer un conte noir burlesque où les performances d’acteurs priment sur un scénario finalement assez secondaire.

Quand la fiction rattrape la réalité

Tout commence de façon très banale pour Michel Uzès, un homme ordinaire interprété avec un parfait sens du décalage par Benoît Poelvoorde. Mais une fois dans l’avion, les choses dérapent. Sa voisine enceinte évoque son épisiotomie ? Il demande à changer de place. On le compare à la ville d’Uzès ? Il répond qu’il s’appelle surtout comme son père. Jusque-là, rien de bien méchant. C’est lorsqu’il est arrêté par la police danoise qu’il réalise l’ampleur du malentendu.

Les autorités le suspectent en effet d’être Paul Bernardin, un homme recherché pour le meurtre de sa femme et de ses trois enfants. Malgré les dénégations de Michel et son apparente bonhommie, les policiers s’entêtent. S’ensuit un interrogatoire sur le mode « good cop, bad cop » d’une rare violence, jusqu’à ce que l’ADN confirme qu’il n’est pas le suspect tant recherché. Ouf ! L’innocence de Michel est prouvée.

Les soupçons s’accrochent malgré tout

Mais comme souvent, le mal est fait. Malgré les excuses forcées de la commissaire française venue spécialement à Copenhague, le doute subsiste. Et si Michel Uzès était, malgré les apparences, Paul Bernardin ? Les deux hommes se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Trop pour que ce soit une simple coïncidence.

Le reste du film joue sur ce motif de la paranoïa, entre quiproquos et vraies-fausses pistes. On croit Michel, on ne le croit plus. On a envie qu’il s’en sorte et en même temps, le ver du soupçon fait son œuvre. Les rebondissements s’enchaînent à un rythme effréné, sans toujours se soucier de vraisemblance.

Une méprise loufoque aux accents satiriques

Car c’est bien là que réside l’intérêt des « Pistolets en plastique » : dans sa manière de détourner un sujet a priori peu propice à l’humour pour en faire une comédie satirique qui joue avec les codes du thriller et du film policier. Rien n’est jamais tout à fait sérieux, tout en étant parfaitement crédible.

On rit jaune, on rit noir, mais on rit. Même si l’arrière-goût est souvent amer.

Benoît Poelvoorde dans “Les Pistolets en plastique”

Au fond, peu importe que Michel Uzès soit ou non Paul Bernardin. Ce qui compte, c’est ce que cette méprise dit de notre société prompt à juger sur les apparences. Et de la difficulté à prouver son innocence une fois que la machine judiciaire et médiatique s’est emballée.

Des acteurs au sommet de leur art

Porté par des dialogues incisifs et des situations souvent cocasses, « Les Pistolets en plastique » doit aussi beaucoup à ses acteurs, tous excellents. En tête, un Benoît Poelvoorde décidément inégalable dès qu’il s’agit de jouer les monsieur-tout-le-monde embarqués dans des aventures qui les dépassent.

Face à lui, il fallait une partenaire à la hauteur. C’est chose faite avec Chiara Mastroianni, impeccable en commissaire intransigeante mais pas dénuée d’humanité. Les seconds rôles ne sont pas en reste, de l’attaché de police borné au voisin de palier fouineur. Chacun a droit à son moment de bravoure.

Un divertissement réussi, sans prétention

S’il ne révolutionne pas le genre, « Les Pistolets en plastique » remplit parfaitement son contrat : divertir sans se prendre au sérieux, en tirant le meilleur d’un sujet a priori sordide. Le vrai tour de force du film est de nous faire rire avec une histoire qui n’avait rien de drôle sur le papier.

Certes, quelques longueurs subsistent ici ou là. On pourra aussi trouver que la fin, un brin moraliste sur les dangers de l’emballement médiatique, tombe un peu comme un cheveu sur la soupe. Mais ce serait bouder son plaisir. Car c’est bien de plaisir qu’il s’agit ici : celui d’une comédie sans prétention mais parfaitement maîtrisée, portée par un casting impeccable. En somme, un très bon moment de cinéma.

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