L’affaire des deux rugbymen français inculpés pour viol en Argentine connaît un nouveau développement. Vendredi, la justice argentine a conforté dans ses fonctions la juge Eleonora Arenas, en charge de ce dossier ultra-sensible. Cette décision survient malgré une demande de récusation déposée par la défense de la plaignante, une femme de 39 ans, qui mettait en doute l’impartialité de la magistrate.
Ce rejet de la demande de récusation signifie que l’audience cruciale d’examen d’un éventuel non-lieu pour Hugo Auradou et Oscar Jegou, les deux joueurs mis en cause, est bel et bien maintenue ce lundi. Cet épisode judiciaire intervient près de cinq mois après les faits présumés, qui se seraient déroulés dans la nuit du 6 au 7 juillet à l’hôtel des joueurs à Mendoza, lors d’une tournée du XV de France en Argentine.
Une instruction marquée par les recours
Depuis le début de l’affaire, l’instruction a été émaillée de nombreux rebondissements procéduraux. En septembre, l’avocate de la plaignante, Me Natacha Romano, avait déjà demandé la récusation des deux procureurs co-chargés du dossier, leur reprochant de “juger au lieu d’enquêter”. Une requête déboutée par le ministère public.
Si la juge Arenas avait finalement été récusée, cela aurait signifié un coup d’arrêt majeur de la procédure, le temps qu’un nouveau magistrat soit désigné. Un scénario évité de justesse, pour une audience à huis clos très attendue lundi matin. A son issue, après avoir entendu le parquet et les différentes parties, la juge pourra rendre une décision immédiate ou la mettre en délibéré.
Des versions diamétralement opposées
Sur le fond de l’affaire, les deux rugbymen de 21 ans, toujours inculpés pour “viol aggravé car en réunion”, assurent que les relations sexuelles avec la plaignante, rencontrée en boîte de nuit, étaient consenties et sans violence. Une version radicalement contestée par l’avocate de cette dernière, qui dénonce au contraire un viol d’une “violence terrible”.
Nous nous attendons à un très bon résultat lundi, pour que les joueurs puissent vivre en paix.
– Rafael Cuneo Libarona, avocat argentin des rugbymen
Au fil des mois, l’accusation semble néanmoins avoir perdu en intensité. Dès septembre, les joueurs ont été autorisés à rentrer en France. Un mois plus tard, le parquet indiquait qu’il appuierait une demande de non-lieu, estimant que “l’accusation initiale avait perdu de sa force” au fil de l’instruction.
Un retour sur les terrains qui pose question
Malgré la gravité des faits reprochés et l’incertitude judiciaire, Auradou et Jegou ont repris le chemin de la compétition avec leurs clubs respectifs, dès octobre pour le premier, en novembre pour le second. Un retour sur les terrains qui a suscité l’incompréhension, alors que les deux hommes restent présumés innocents mais toujours sous le coup d’une inculpation pour viol aggravé.
L’audience de lundi pourrait donc marquer un tournant, quel que soit son issue. Si la juge prononce un non-lieu, les deux rugbymen seront blanchis et pourront définitivement tourner la page. A l’inverse, une décision de renvoi devant un tribunal ouvrirait la voie à un procès pour viol aggravé, une qualification criminelle très lourde. Réponse attendue dans les prochains jours.