Alors que le parti d’extrême droite allemand AfD est au plus haut dans les sondages, il cherche en interne à reprendre le contrôle de sa branche jeunesse jugée trop radicale. Une modification des statuts est envisagée pour resserrer les liens entre le parti et son organisation de jeunesse sulfureuse.
La « Junge Alternative » dans le collimateur des services de renseignement
L’organisation de jeunesse de l’AfD, connue sous le nom de « Junge Alternative » (JA), est sous surveillance étroite des services de renseignement allemands. Depuis 2023, elle est classée comme « extrémiste » en raison de sa conception ethno-nationaliste de la population allemande et de ses campagnes xénophobes virulentes, en particulier contre l’islam et les musulmans.
Selon une source proche de la justice allemande, la JA assimilerait même la république fédérale d’Allemagne à un régime dictatorial. Certains de ses membres, majoritairement âgés de 16 à 30 ans, ont défrayé la chronique dans différents scandales allant de chants racistes à des rencontres avec des personnalités néonazies, en passant par des entraînements paramilitaires.
Une refonte des statuts pour resserrer les liens
Face à ces dérives, l’AfD envisage de modifier ses statuts pour mieux contrôler son organisation de jeunesse. L’objectif serait d’obliger tous les membres du parti de moins de 36 ans à rejoindre la nouvelle structure jeune, réduisant ainsi son autonomie. Ce changement pourrait être soumis au vote lors du prochain congrès de l’AfD mi-janvier.
L’AfD a peur d’une interdiction de la JA et cherche à l’anticiper.
Dominik Schumacher, responsable d’une association antiraciste
Pour Dominik Schumacher, ce projet de réforme est un écran de fumée qui ne changera pas la nature de la branche jeunesse. Selon lui, les militants d’aujourd’hui seront aussi les militants de demain, quel que soit le statut juridique ou le nom de l’organisation.
L’AfD en position de force dans les sondages
Cette volonté de reprise en main intervient alors que l’AfD est en pleine dynamique dans les intentions de vote. Le parti d’extrême droite, présent au Bundestag depuis 2017, est crédité d’un score record de 19% dans les sondages pour les élections législatives anticipées du 23 février prochain.
Il se positionne en 2ème place derrière les conservateurs de la CDU/CSU (33%) et devant le SPD du chancelier Olaf Scholz (15%), dont la coalition a récemment éclaté. Une percée historique qui pousse l’AfD à clarifier son image en tentant de se démarquer de ses éléments les plus sulfureux.
Mais au-delà des changements cosmétiques, c’est toute la culture et l’idéologie du parti qui est questionnée. La refonte de la branche jeunesse suffira-t-elle à faire oublier les dérapages extrémistes qui collent à l’image de l’AfD ? Rien n’est moins sûr à ce stade. L’évolution de ce dossier dans les prochaines semaines sera suivie de près, à l’approche d’élections qui pourraient bouleverser le paysage politique outre-Rhin.