Le parti d’extrême droite allemand AfD se retrouve au cœur d’une vive polémique en pleine campagne pour les élections législatives de février prochain. Leur tort ? Avoir distribué des tracts électoraux sous forme de « billets d’expulsion pour migrants illégaux », suscitant un tollé général et l’ouverture d’une enquête policière.
L’AfD assume son tract controversé
Ce faux billet d’avion « Aller simple en classe éco » pour « migrant illégal » au départ de l’Allemagne a été conçu et revendiqué par la section locale de l’AfD à Karlsruhe. Selon eux, ce flyer permet de « faire connaître aux électeurs leurs demandes légitimes d’expulsion des personnes en situation irrégulière ».
La date du 23 février, jour du scrutin, est indiquée comme date d’embarquement sur ce billet qui porte le logo du parti. L’AfD y précise que le tract est distribué « sans exigences ni restrictions particulières » et « en aussi grand nombre que possible » dans la ville.
Une enquête ouverte pour « incitation à la haine »
Face au scandale provoqué, les autorités ont rapidement réagi. La police de Karlsruhe a annoncé l’ouverture d’une enquête pour « soupçons d’incitation à la haine » contre les responsables de cette initiative électorale très controversée.
Plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer ces tracts jugés discriminatoires et ciblant spécifiquement les personnes issues de l’immigration. Un internaute d’origine turque a exprimé son malaise en découvrant ce billet dans sa boîte aux lettres, estimant avoir été visé en raison de son nom de famille.
L’AfD prône une « remigration » des étrangers indésirables
Ces tracts polémiques s’inscrivent dans la ligne politique très dure de l’AfD vis-à-vis de l’immigration. Le parti d’extrême droite, crédité de la deuxième place dans les sondages, a fait de la « remigration » des étrangers jugés indésirables l’une des mesures phares de son programme pour les législatives.
Une position ouvertement xénophobe que le parti de gauche Die Linke qualifie de « méthode fasciste pour inciter à la haine ». L’AfD se défend en assurant que sa démarche est « tout à fait légale et conforme à la loi », mais cela n’empêche pas la polémique d’enfler à quelques semaines d’un scrutin crucial.
L’AfD coutumier des dérapages et provocations
Ce n’est pas la première fois que l’AfD défraie la chronique avec des propos ou des initiatives extrêmes visant les migrants ou les musulmans. Le parti avait fait scandale en 2017 avec une affiche de campagne montrant une femme en bikini et le slogan « Burkas ? Nous préférons les bikinis ».
Plus récemment, un élu AfD avait suscité l’indignation en traitant les migrants de « bétail à abattre » ou en qualifiant l’islam de « cancer pour notre société ». Des dérapages condamnés en justice mais qui ont contribué à banaliser la rhétorique anti-immigration du parti d’extrême droite, aujourd’hui en position de force dans les urnes.
Une campagne sous haute tension
À un mois du scrutin, cette polémique prouve que la question migratoire sera l’un des sujets centraux de la campagne électorale allemande. Dans un contexte marqué par la crise énergétique, l’inflation et l’impact de la guerre en Ukraine, l’AfD espère capitaliser sur les peurs et le mécontentement d’une partie de la population pour s’imposer face aux partis traditionnels.
Reste à savoir si les électeurs seront sensibles aux recettes radicales du parti d’extrême droite ou s’ils sanctionneront dans les urnes ses provocations à répétition. Les tracts-choc de Karlsruhe pourraient finalement se retourner contre leurs auteurs et renforcer la mobilisation de leurs opposants, bien décidés à contenir la poussée de l’AfD dans ce scrutin à haut risque pour la démocratie allemande.