Le cinéma espagnol est en deuil. Marisa Paredes, l’une de ses actrices les plus emblématiques, s’est éteinte à l’âge de 78 ans, laissant derrière elle un héritage artistique exceptionnel. Célèbre pour ses collaborations avec le réalisateur Pedro Almodóvar, elle a marqué le 7e art de son empreinte unique. Retour sur le parcours d’une immense comédienne.
Une carrière débutée à l’adolescence
Née en 1946 à Madrid dans une famille modeste, Marisa Paredes rêve très tôt de devenir actrice. À seulement 15 ans, elle décroche son premier rôle au théâtre. Dès lors, la jeune fille aux yeux vert-gris enchaîne les pièces, de Garcia Lorca à Beckett en passant par Tchekhov. Son talent éclate sur les planches.
Parallèlement, Marisa Paredes fait ses débuts au cinéma. Sa filmographie compte plus de 75 longs-métrages. Mais c’est sa rencontre avec un certain Pedro Almodóvar qui va propulser sa carrière.
La muse d’Almodóvar
En 1983, le jeune réalisateur engage Marisa Paredes pour son film « Dans les ténèbres ». Elle y incarne une religieuse sous amphétamines dans un rôle déjà culte. Leur collaboration se poursuit avec « Talons aiguilles » en 1991 :
Elle crève l’écran en Becky del Paramo, diva peroxydée et mère égocentrique. Le film est récompensé par le César du meilleur film étranger.
En 1995, dans « La fleur de mon secret », Marisa Paredes irradie à nouveau en autrice de romans à l’eau de rose dévastée. Almodóvar confie alors à son sujet :
Marisa a déposé en moi une confiance absolue et m’a tout donné.
Au total, l’actrice tournera six fois sous la direction de ce cinéaste devenu son ami et admirateur. Une relation artistique et humaine rare.
Une aura internationale
La carrière de Marisa Paredes ne se limite pas à l’Espagne. Son talent s’exporte dans de nombreuses productions étrangères :
- L’Italie avec « La vie est belle » de Benigni
- Le Mexique dans « L’échine du diable » de Del Toro
- Et bien d’autres pays encore
Une aura saluée par de multiples prix dont un Goya d’honneur en 2018. Le Festival de Cannes lui a aussi rendu un vibrant hommage en diffusant une scène culte de « Talons aiguilles ». Gilles Jacob, ancien président du festival, a salué sa « grâce paisible et sa gaieté douce ».
Une femme engagée
Au-delà des plateaux, Marisa Paredes était une femme de convictions. Ayant grandi sous le franquisme avec un père autoritaire, elle racontait avoir vécu « maltraitance et humiliation ». Ce qui a forgé son engagement féministe précoce.
Comme l’a souligné le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, son « engagement pour la démocratie restera un exemple ». Notamment quand elle présidait l’Académie du cinéma lors des Goya 2003, tribune contre la guerre en Irak soutenue par l’Espagne.
Un souvenir impérissable
La disparition de Marisa Paredes laisse un grand vide. Mais son souvenir perdurera à travers les chefs-d’œuvre qu’elle a interprétés. Des films et des pièces qui ont touché des millions de spectateurs.
L’Académie espagnole du cinéma a résumé le sentiment général en déclarant :
Le cinéma espagnol perd l’une de ses actrices les plus iconiques.
Académie espagnole du cinéma
Un statut amplement mérité pour celle qui n’a eu de cesse de briller devant les caméras et sur les planches. Avec son départ, c’est un pan entier du cinéma hispanophone qui s’en va. Mais son étoile continuera de scintiller dans le cœur des cinéphiles. Adieu Marisa.