Le monde du cinéma français est à nouveau secoué par une affaire retentissante. L’actrice Isild Le Besco vient de révéler avoir porté plainte contre le célèbre réalisateur Benoît Jacquot pour des faits de violences sexuelles qui remonteraient à son adolescence. Une annonce choc dans le sillage du mouvement #MeToo qui continue de libérer la parole des victimes.
Un témoignage fort et courageux
Dans une interview exclusive accordée à Libération, l’actrice de 41 ans revient sur sa décision difficile mais nécessaire de saisir la justice. Malgré ses hésitations initiales, Isild Le Besco explique avoir franchi le pas par devoir moral :
Si je porte plainte, c’est parce que je veux que ce système de domination, sans cesse reconduit, s’enraye. Je ne me galvanise pas de saisir la justice, ce sera un moment difficile, mais je sais que je dois le faire.
– Isild Le Besco
Un acte fort et symbolique pour celle qui a été pendant de longues années considérée comme la “muse” de Benoît Jacquot, l’ayant révélée dans le sulfureux “Sade” en 2000, alors qu’elle n’avait que 17 ans.
Briser la loi du silence
Au-delà de son histoire personnelle, l’actrice entend dénoncer un système de domination encore trop présent dans le milieu du cinéma. Malgré les avancées du mouvement #MeToo, la peur et la honte continuent souvent de museler les victimes :
C’est très dur de mettre des mots sur des événements traumatiques, ça les fait revivre, et on peut le payer très cher. J’ai préféré d’abord passer par l’écriture car je ne voulais pas que ma parole soit dénaturée.
– Isild Le Besco
En prenant la parole publiquement, elle espère encourager d’autres femmes à sortir du silence et à ne plus subir ces violences en solitaire.
Une plainte qui s’inscrit dans un mouvement collectif
Isild Le Besco n’est pas la première à accuser Benoît Jacquot. L’actrice Judith Godrèche a également porté plainte contre le réalisateur, ainsi que contre Jacques Doillon, pour des faits similaires. Son témoignage a déclenché l’ouverture d’une enquête par le parquet de Paris.
Pour Isild Le Besco, cette libération de la parole est essentielle et salutaire, même des années après les faits :
Nous sommes nombreuses, dans le milieu du cinéma ou d’ailleurs, à avoir vécu des histoires similaires, qu’on se rassemble donne de la force et du sens.
– Isild Le Besco
Une façon de rappeler que malgré les dénégations des mis en cause, les langues se délient petit à petit pour mettre fin à l’omerta et à l’impunité qui règnent encore trop souvent dans le 7ème art.
Vers un changement des mentalités ?
Si elle se dit consciente des limites de la justice, avec des plaintes qui finissent souvent classées sans suite, Isild Le Besco veut croire que son geste participera à faire bouger les lignes. Selon elle, c’est tout un système à déconstruire :
Au fond, que Benoît tombe seul, je trouve ça injuste. D’autres hommes m’ont abîmée (…) Si je porte plainte, c’est parce que je veux que ce système de domination, sans cesse reconduit, s’enraye.
– Isild Le Besco
Un témoignage fort et courageux qui montre que malgré la libération de la parole impulsée par #MeToo, le chemin est encore long. Mais à force de briser un par un les silences, c’est tout le monde du cinéma qui est appelé à se remettre en question.
