Le monde de la finance a été secoué en 2024 par une vague sans précédent d’activisme actionnarial. Selon un rapport de la banque Lazard, le nombre de campagnes menées par des actionnaires minoritaires pour influencer la gouvernance et la stratégie des entreprises a atteint un niveau record pour la deuxième année consécutive. Cette tendance témoigne d’un changement profond dans les relations entre investisseurs et dirigeants.
Des objectifs ciblés : transactions et allocation du capital
Les actionnaires activistes ont concentré leurs efforts sur deux domaines clés en 2024 : les transactions stratégiques et l’allocation du capital. Selon Christopher Couvelier, responsable du conseil aux actionnaires chez Lazard :
Inciter une entreprise à se vendre ou à céder certains actifs est devenu l’objectif numéro un des activistes. Cela a représenté environ 40% des campagnes en Europe, contre 25% à 30% historiquement.
Parallèlement, les demandes liées à l’allocation du capital, comme l’augmentation des dividendes ou le rachat d’actions, ont concerné 29% des campagnes, soit près du double de la moyenne sur cinq ans.
De nouveaux profils d’activistes
L’année 2024 a aussi été marquée par l’arrivée de nouveaux acteurs dans la sphère de l’activisme actionnarial. Parmi eux, on trouve à la fois de jeunes fonds spéculatifs créés spécifiquement pour lancer des campagnes activistes, mais aussi des investisseurs traditionnels qui ont décidé pour la première fois de s’engager publiquement lorsqu’ils n’étaient pas satisfaits de la gestion d’une entreprise.
L’impact sur la gouvernance d’entreprise
Cette montée en puissance de l’activisme actionnarial n’est pas sans conséquence pour les entreprises cotées. Sous la pression de ces investisseurs exigeants, les dirigeants sont contraints de revoir leur stratégie, leur allocation du capital et parfois même la composition de leur conseil d’administration. Certains y voient une menace pour la stabilité des entreprises, quand d’autres saluent un nécessaire rééquilibrage des pouvoirs en faveur des actionnaires.
Vers une généralisation du phénomène ?
Si l’activisme actionnarial reste pour l’instant l’apanage d’une minorité d’investisseurs, son influence grandissante pourrait en faire un mode d’action de plus en plus courant. Les assemblées générales des grands groupes cotés, autrefois simples chambres d’enregistrement, pourraient ainsi devenir le théâtre de véritables batailles entre direction et actionnaires. Une évolution qui ne manquera pas de susciter le débat sur la place de la finance dans la gouvernance des entreprises.
Quelles perspectives pour 2025 ?
Alors que l’année 2024 s’achève sur des records d’activisme actionnarial, tous les regards se tournent déjà vers 2025. Les entreprises sauront-elles s’adapter à ce nouveau rapport de force avec leurs actionnaires ? Les activistes parviendront-ils à imposer leur vision de la stratégie et de la création de valeur ? Une chose est sûre : dans un monde économique en constante mutation, le dialogue entre dirigeants et investisseurs n’a jamais été aussi crucial.
