Les turbulences s’accumulent pour le géant européen de l’aéronautique Airbus. Ce mardi matin, son action dévissait de plus de 9% dans les premiers échanges à la Bourse de Paris, suite à l’annonce de perspectives financières abaissées pour 2024 en raison de difficultés persistantes. Un avertissement qui témoigne des défis auxquels reste confronté le secteur aérien, malgré des signes de reprise post-pandémie.
Airbus pénalisé par des retards de livraison et des problèmes dans le spatial
Lundi soir, Airbus a fait état de difficultés qui continuent de perturber les livraisons de certains de ses programmes avions phares, notamment les monocouloirs de la famille A320. Le groupe a également pointé du doigt les performances décevantes de sa division spatiale, affectée par la faiblesse du marché des lanceurs spatiaux institutionnels en Europe.
Face à ces vents contraires, Airbus n’a eu d’autre choix que de revoir à la baisse plusieurs de ses objectifs financiers pour l’année prochaine :
- Les livraisons d’avions commerciaux sont désormais attendues à 720 appareils (contre une fourchette de 745-750 précédemment)
- L’EBIT ajusté devrait plafonner autour de 6 milliards d’euros (contre 6,5-7 milliards auparavant)
- Les flux de trésorerie disponibles avant fusions-acquisitions et financements clients sont anticipés à 3 milliards d’euros (contre 4 milliards précédemment)
Un avertissement qui sème l’inquiétude sur les marchés
Sans surprise, cet avertissement sur résultats a provoqué un décrochage du titre Airbus ce mardi matin. Vers 09h30, l’action de l’avionneur européen chutait de 9,14% à 135,18 euros, dans un marché parisien en baisse de 0,76%. Dans son sillage, le motoriste Safran abandonnait plus de 4%.
Cette forte réaction négative des marchés témoigne de l’inquiétude des investisseurs face aux difficultés rencontrées par Airbus, alors que le secteur aérien traverse une période charnière. Si le trafic passagers a nettement rebondi depuis la levée des restrictions sanitaires, les compagnies aériennes restent confrontées à un environnement économique et géopolitique incertain.
Les difficultés d’Airbus illustrent la complexité de la montée en cadence de la production après la crise du Covid-19, sur fond de tensions sur les chaînes d’approvisionnement et de pénurie de main-d’œuvre qualifiée.
analyse un expert du secteur
Un secteur aéronautique en pleine mutation
Au-delà des turbulences conjoncturelles, l’avertissement d’Airbus met aussi en lumière les transformations de fond qui bousculent l’industrie aéronautique mondiale :
- Course à la décarbonation du transport aérien, avec le développement d’avions plus économes en carburant et de carburants alternatifs
- Digitalisation croissante des avions et intégration de technologies de rupture (intelligence artificielle, réalité augmentée…)
- Arrivée de nouveaux acteurs challengeant les géants établis, que ce soit des start-up innovantes ou des concurrents des pays émergents
Autant d’enjeux stratégiques majeurs pour les prochaines années, qui exigent d’importants investissements de la part des avionneurs et équipementiers. Dans ce contexte, le faux-pas d’Airbus apparaît d’autant plus préoccupant aux yeux du marché.
Même si sa situation financière reste solide, le géant européen n’a donc pas le droit à l’erreur pour adapter son outil industriel et ses produits aux évolutions du secteur aérien. Un défi de taille, dont dépendra sa capacité à renouer durablement avec une trajectoire de croissance rentable.