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L’acquisition controversée d’US Steel par Nippon Steel en suspens

Le géant japonais de l'acier Nippon Steel espère toujours finaliser le rachat controversé de son rival américain US Steel d'ici fin 2024, malgré l'opposition farouche des politiques américains. L'enjeu : l'avenir de la sidérurgie aux États-Unis. Le suspense reste entier...

C’est un rachat qui fait couler beaucoup d’encre et suscite les passions de part et d’autre du Pacifique. Le projet d’acquisition du géant américain de l’acier US Steel par son concurrent japonais Nippon Steel, annoncé fin 2023 pour un montant de 14,9 milliards de dollars, est loin de faire l’unanimité. Malgré une farouche opposition politique aux États-Unis, le groupe nippon affiche sa confiance et maintient son objectif de boucler l’opération d’ici décembre 2024.

Un dossier brûlant sur le bureau de Joe Biden

Le président américain Joe Biden n’a pas caché son hostilité face à cette prise de contrôle étrangère dans un secteur jugé stratégique pour le pays. Et il n’est pas le seul. Son futur successeur suite à l’élection présidentielle de novembre 2024, le républicain Donald Trump, s’est lui aussi engagé à bloquer l’opération, fidèle à ses positions protectionnistes.

L’examen par la CFIUS est en cours.

Nippon Steel

Avant de pouvoir acter ce rachat, le groupe japonais doit encore obtenir le feu vert de la Commission aux investissements étrangers aux États-Unis (CFIUS), chargée d’évaluer les implications potentielles pour la sécurité nationale. Cette commission soumettra ensuite ses recommandations au président Biden, qui tranchera en dernier ressort.

Une décision repoussée après l’élection présidentielle

Face à la pression politique en pleine campagne, l’avis de la CFIUS et la décision de la Maison-Blanche ont été repoussés après le scrutin du 5 novembre. Un timing qui n’inquiète pas outre mesure Nippon Steel. “Maintenant que l’élection est terminée, je pense qu’on pourra discuter du fond du dossier de manière apaisée. Je suis convaincu qu’on peut faire aboutir l’opération avant fin 2024”, a déclaré Takahiro Mori, vice-président du groupe.

Des inquiétudes syndicales et sociales

Au-delà des considérations stratégiques et politiques, ce sont aussi des préoccupations sociales qui alimentent la contestation. Le principal syndicat des métallurgistes américains, United Steelworkers (USW), s’oppose au rachat par crainte d’une casse sociale, en dépit des engagements de Nippon Steel à maintenir l’emploi.

Si le rachat échoue, US Steel devra renoncer à des investissements massifs de modernisation sur plusieurs sites, au prix d’une casse sociale.

Source proche du dossier

Malgré un avis d’un comité d’arbitrage estimant que l’acquisition remplissait les conditions fixées par l’accord d’entreprise, le syndicat n’en démord pas. Paradoxalement, US Steel met en garde : si le rachat venait à capoter, le groupe serait contraint de renoncer à d’importants investissements pour moderniser ses sites industriels, avec à la clé des suppressions d’emplois.

Le Japon reste confiant malgré les obstacles

En dépit de ces vents contraires, Nippon Steel veut croire en ses chances. « À moins que les choses ne changent radicalement, je suis persuadé que l’acquisition sera finalisée d’ici décembre », a réaffirmé Takahiro Mori lors de la présentation des résultats trimestriels du groupe. Le géant japonais a appelé les autorités américaines à ne pas céder aux pressions politiques lors de l’examen du dossier.

L’avenir nous dira si les considérations économiques et industrielles primeront sur les enjeux politiques et sociaux dans ce dossier hautement sensible. Une chose est sûre : d’ici fin 2024, le suspense restera entier sur l’issue de ce bras de fer transatlantique dans la sidérurgie.

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