La conclusion des négociations de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur, le bloc commercial sud-américain, ne signe en rien « la fin de l’histoire » selon la présidence française. Bien au contraire, l’Élysée juge que le texte « reste inacceptable en l’état » et entend continuer à mener la résistance face à ce traité controversé.
Un accord qui suscite une forte opposition en France
Malgré la finalisation des négociations entre la Commission européenne et les quatre pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay), qui se sont déroulées pendant plus de 20 ans, la France ne désarme pas et répète son opposition ferme à l’accord dans sa forme actuelle. Une position portée par un large front réunissant syndicats agricoles, classe politique et opinion publique, redoutant les conséquences du traité pour le secteur agricole français.
Selon une source proche de l’Élysée, le travail de la Commission est certes achevé, mais « l’accord n’est ni signé, ni ratifié. Ce n’est donc pas la fin de l’histoire. » Bruxelles devra encore présenter le texte aux 27 États membres de l’UE qui devront l’examiner de manière approfondie avant d’envisager toute signature ou ratification. Un processus qui s’annonce d’ores et déjà semé d’embuches.
Une concurrence jugée déloyale pour l’agriculture européenne
Le cœur des inquiétudes françaises concerne les divergences de normes sanitaires et environnementales entre les deux blocs. Paris réclame que les agriculteurs sud-américains, grands exportateurs de viande bovine notamment, soient soumis aux mêmes règles que les producteurs européens pour éviter une « concurrence déloyale ».
La France continuera, avec ses partenaires, de défendre sans relâche son agriculture et sa souveraineté alimentaire.
L’Élysée
Ces exigences agricoles semblent d’ailleurs partagées par de nombreux pays européens comme la Pologne, l’Italie, les Pays-Bas, l’Autriche ou encore la Belgique. Sans oublier le Parlement européen qui devra lui aussi se prononcer sur l’accord.
Le long chemin vers une éventuelle entrée en vigueur
Si l’achèvement des négociations par la Commission constitue une étape importante, il ne préfigure en rien l’entrée en vigueur prochaine de l’accord de libre-échange. De nombreuses étapes, potentiellement longues et complexes, devront encore être franchies:
- Approbation du texte par les 27 États membres de l’UE
- Signature officielle de l’accord
- Ratification par le Parlement européen
- Ratification par les parlements nationaux des États membres de l’UE et du Mercosur
Autant de passages obligés qui promettent de nouveaux débats houleux, tant les oppositions à l’accord semblent profondes et les réticences tenaces des deux côtés de l’Atlantique. La France, par la voix de l’Élysée, assure qu’elle maintiendra une pression constante pour obtenir des modifications substantielles du texte, voire son rejet pur et simple si ses exigences ne sont pas entendues.
L’accord UE-Mercosur, bien que finalisé sur le papier, est donc encore loin d’être gravé dans le marbre. Son sort apparaît plus que jamais suspendu à d’intenses tractations diplomatiques et à de subtils jeux d’influence entre États membres de l’UE, sur fond de défense des intérêts agricoles nationaux et de préoccupations environnementales croissantes. Un nouveau bras de fer s’engage pour un traité commercial déjà hors norme par sa durée de négociation et l’ampleur des débats qu’il suscite.