Selon une source proche du dossier, les négociations épineuses sur l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur seraient sur le point d’aboutir, et ce malgré l’opposition farouche de la France. C’est ce qu’a laissé entendre récemment la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lors d’un entretien accordé à une chaîne d’information brésilienne.
Cet accord, en gestation depuis plus de vingt ans, vise à établir une zone de libre-échange entre les 27 pays de l’UE et les quatre membres fondateurs du Mercosur que sont le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay. Si un premier accord “politique” avait été scellé en 2019, plusieurs pays, dont la France, ont jusqu’à présent bloqué son adoption définitive.
Un chemin semé d’embûches
Malgré un optimisme affiché, Ursula von der Leyen n’a pas caché la difficulté de la tâche qui attend les négociateurs dans cette dernière ligne droite. Elle a souligné la nécessité d’obtenir l’aval de l’ensemble des chefs d’État et de gouvernement des pays membres de l’UE, tout en s’assurant de la pleine coopération des partenaires du Mercosur.
Le diable est toujours dans les détails. La dernière ligne droite est la plus importante, mais elle est aussi souvent la plus difficile.
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne
La france campe sur ses positions
Parmi les obstacles majeurs figure l’opposition résolue de la France. Le président Emmanuel Macron a réaffirmé avec force la position française, excluant tout soutien à l’accord dans sa version actuelle. Dans un message publié sur les réseaux sociaux, il a tenu à rassurer le monde agricole :
Je veux rassurer tous nos agriculteurs : nous ne renoncerons pas à notre souveraineté alimentaire. La France ne soutiendra pas l’accord UE-Mercosur dans sa version actuelle.
Emmanuel Macron, président de la République française
Les craintes du monde agricole
Les agriculteurs français redoutent en effet une concurrence déloyale de la part des produits sud-américains, qui ne seraient pas soumis aux mêmes normes environnementales et sanitaires que celles en vigueur au sein de l’Union européenne. Ils mettent en garde contre un risque de “dumping” qui pourrait déstabiliser toute la filière.
Fortement mobilisés contre cet accord, les syndicats agricoles multiplient les actions pour faire entendre leur voix et peser dans les négociations. Ils exigent des garanties solides pour protéger les standards européens et éviter toute distorsion de concurrence.
Des soutiens pour boucler l’accord
Malgré ces réticences, l’accord UE-Mercosur conserve de fervents défenseurs au sein de l’Union européenne. L’Allemagne et l’Espagne notamment espèrent toujours une signature d’ici la fin de l’année. Ils y voient une opportunité unique de renforcer les liens commerciaux avec l’Amérique latine et d’ouvrir de nouveaux marchés pour les entreprises européennes.
Les prochaines semaines s’annoncent donc décisives pour l’avenir de ce traité de libre-échange. Entre volonté politique et préoccupations légitimes, les négociateurs devront redoubler d’efforts pour parvenir à un compromis acceptable par toutes les parties. L’enjeu est de taille, tant sur le plan économique que géopolitique, et pourrait influencer durablement les relations entre les deux continents.