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L’Accord Mercosur Remis en Question par la France

En visite en Argentine, Emmanuel Macron a réaffirmé l'opposition de la France à l'accord UE-Mercosur en l'état. Une décision cruciale pour les agriculteurs français et européens. Mais la Commission européenne continue de pousser pour...

La question de l’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur, le marché commun sud-américain, continue de diviser. Alors que la Commission européenne et plusieurs pays membres poussent pour une signature rapide, la France maintient son opposition ferme. Une position réaffirmée par le président Emmanuel Macron lors de sa récente visite en Argentine.

La France ne signera pas l’accord en l’état

Face à la presse à Buenos Aires, Emmanuel Macron a été clair : la France ne signera pas l’accord UE-Mercosur tel qu’il est actuellement négocié. Le chef de l’État a même avancé que son homologue argentin, Javier Milei, lui aurait confié ne pas être satisfait du texte non plus.

Pour l’Argentine, [l’accord UE-Mercosur] serait très mauvais pour sa réindustrialisation, et pour nous il serait très mauvais pour notre agriculture

– Emmanuel Macron

Cette position française n’est pas nouvelle. Paris pointe depuis longtemps les risques que ferait peser cet accord de libre-échange sur le modèle agricole européen, et en particulier français. Ouvrir largement le marché européen aux importations sud-américaines exposerait les agriculteurs du vieux continent à une concurrence jugée déloyale.

Une opposition partagée au sein de l’UE ?

Si l’Allemagne et l’Espagne soutiennent la Commission dans sa volonté de faire aboutir rapidement les négociations, la France n’est pas isolée dans son opposition. Selon Emmanuel Macron, plusieurs pays du Mercosur eux-mêmes, ainsi que d’autres États membres de l’UE, partageraient les réserves françaises.

Le président français se veut toutefois rassurant quant à la possibilité de trouver un compromis, à condition de ne pas sacrifier le modèle agricole européen :

Si on est raisonnables tous, il y a un chemin possible, mais il ne se fera pas au détriment de nos agriculteurs.

– Emmanuel Macron

Un accord loin d’être bouclé

Malgré la pression de la Commission et de certains États membres, la signature de l’accord UE-Mercosur est donc loin d’être acquise. La France compte bien peser de tout son poids pour défendre ses intérêts agricoles et ne pas plier face au rouleau compresseur bruxellois.

Interrogé sur la possibilité que l’UE passe outre la position française, Emmanuel Macron s’est voulu confiant, rappelant le « très grand respect de la Commission européenne pour la France. » Autrement dit, Paris dispose encore de moyens de pression pour influencer le cours des négociations.

Le spectre d’une mobilisation agricole

En parallèle des manœuvres diplomatiques, la contestation monte aussi du côté des principaux intéressés. Les agriculteurs français, soutenus par une classe politique unanime sur ce dossier, prévoient des actions dès cette semaine pour faire entendre leur opposition à l’accord.

La FNSEA, principal syndicat agricole, a appelé à des rassemblements locaux et à une journée de mobilisation nationale. L’objectif : mettre la pression sur le gouvernement pour qu’il maintienne une ligne dure dans ce bras de fer commercial transatlantique.

La souveraineté alimentaire européenne en question

Au-delà des intérêts catégoriels, c’est bien la question de la souveraineté alimentaire européenne qui est posée par cet accord. Dans un contexte géopolitique instable, alors que la pandémie et la guerre en Ukraine ont mis en lumière les fragilités des chaînes d’approvisionnement mondiales, nombreux sont ceux qui plaident pour une plus grande autonomie agricole du vieux continent.

Ouvrir en grand les vannes aux importations sud-américaines serait, de ce point de vue, un signal paradoxal. C’est tout le sens du combat mené par la France, qui entend bien faire de ce dossier un symbole de la défense du modèle agricole et alimentaire européen.

Les prochaines semaines s’annoncent donc décisives sur le front des négociations UE-Mercosur. Entre jeux d’influence diplomatiques et mobilisation des agriculteurs, Emmanuel Macron joue une partie serrée. Mais il sait qu’il a avec lui une opinion publique européenne de plus en plus sensible aux enjeux de souveraineté et de traçabilité alimentaires. De quoi envisager l’avenir avec un optimisme prudent.

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