Depuis la signature de l’Accord de Paris en 2015, 195 pays se sont engagés dans une course contre la montre pour limiter le réchauffement climatique. Cet accord historique, dont l’objectif est de maintenir l’augmentation de la température mondiale bien en-deçà des 2°C par rapport aux niveaux préindustriels, est aujourd’hui plus crucial que jamais. Mais alors que le thermomètre continue de grimper, où en sont les efforts déployés par la communauté internationale ?
Un accord ambitieux mais flexible
L’une des particularités de l’Accord de Paris est qu’il ne fixe pas d’objectifs contraignants de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour chaque pays. Au lieu de cela, les États définissent eux-mêmes leurs propres contributions, appelées “Contributions Déterminées au niveau National” (CDN). Cette approche permet une certaine flexibilité, mais elle implique aussi un suivi régulier et une mise à jour des engagements tous les cinq ans.
Les enjeux des prochaines COP
Les prochaines Conférences des Parties (COP) seront déterminantes pour évaluer les progrès accomplis et rehausser l’ambition collective. La COP28, qui se tiendra à Dubaï en décembre prochain, sera l’occasion de faire un premier bilan depuis l’adoption de l’Accord de Paris. Les pays devront présenter leurs nouvelles feuilles de route climatiques pour 2035, en s’alignant sur l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5°C.
Le Brésil, qui accueillera la COP30 en 2023, a d’ores et déjà dévoilé son nouvel objectif : une réduction de 59 à 67% de ses émissions nettes par rapport à 2005. Mais pour certaines ONG, ce plan manque encore de détails concrets.
L’urgence d’une action renforcée
Malgré les engagements pris, force est de constater que le monde n’est pas sur la bonne trajectoire. Selon un rapport récent de l’ONU Environnement, la mise en œuvre intégrale des CDN actuelles nous mènerait vers un réchauffement de 2,8°C d’ici la fin du siècle. Un chiffre bien loin de l’objectif de 1,5°C, considéré comme un seuil critique par les scientifiques.
Plus nous retardons l’action aujourd’hui, plus ce sera difficile de rester sous 1,5°C et plus importantes seront les conséquences.
Sofia Gonzales-Zuniga, Climate Action Tracker
Pour inverser la tendance, il est urgent d’accélérer la transition vers des économies bas-carbone et de sortir des énergies fossiles. Un défi de taille, alors que certains pays producteurs d’hydrocarbures comme l’Azerbaïdjan, hôte de la COP29, continuent de miser sur de nouveaux projets pétroliers et gaziers.
Renforcer la crédibilité des plans climatiques
Au-delà des promesses, c’est la crédibilité et la mise en œuvre effective des plans d’action qui seront scrutées de près. Pour Paola Yanguas Parra, de l’Institut international du développement durable, le strict minimum est de “retirer toute référence à l’expansion des énergies fossiles” dans les CDN.
Les pays doivent aussi s’assurer que leurs objectifs sont réalistes et s’accompagnent de mesures concrètes. La transparence et le suivi des progrès seront essentiels pour maintenir la confiance et la dynamique de l’Accord de Paris.
La responsabilité de tous les acteurs
Si les États ont un rôle central à jouer, la lutte contre le changement climatique est l’affaire de tous. Les villes, les entreprises, les investisseurs et les citoyens ont aussi leur part de responsabilité. De nombreuses initiatives voient le jour pour accélérer la transition écologique, que ce soit via le développement des énergies renouvelables, l’efficacité énergétique ou les changements de modes de consommation.
Le combat pour le climat se joue sur tous les fronts. Chacun à son niveau peut agir et faire pression pour des politiques plus ambitieuses.
Un expert climat d’une grande ONG environnementale
À l’heure où les impacts du dérèglement climatique se font de plus en plus sentir, avec son lot de vagues de chaleur, d’inondations et de sécheresses, l’urgence n’est plus à démontrer. Les prochaines années seront décisives pour limiter les dégâts et construire un avenir plus durable.
L’Accord de Paris a posé les bases d’une action mondiale coordonnée face à la crise climatique. Mais cinq ans après son adoption, le chemin reste encore long et semé d’embûches. Entre ambition et réalité, entre paroles et actes, le défi est immense. Il en va de notre responsabilité collective de tout mettre en œuvre pour relever ce défi existentiel pour l’humanité. Le temps presse, et chaque dixième de degré compte.