Une vague d’indignation secoue le milieu littéraire depuis l’arrestation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal mi-novembre en Algérie. Face à cette situation, l’Académie française a joint sa voix à celle de nombreux auteurs pour appeler à sa libération immédiate.
Dans un communiqué publié lundi, la prestigieuse institution fondée en 1634 a exprimé son soutien à une tribune signée par une trentaine de lauréats de son Grand Prix du roman, parue dimanche dans le journal Le Figaro. Les signataires y demandaient la « sauvegarde physique » et le « respect des droits élémentaires » de l’écrivain.
L’Académie française salue chaleureusement l’initiative des lauréats de son Grand Prix du roman. Elle partage leur espoir de voir Boualem Sansal libéré sans délai.
Communiqué de l’Académie française
L’Académie a ajouté que « tous les membres de notre académie ont hâte de voir cet écrivain, à la fois de France et d’Algérie, retrouver au plus vite la vie qui, jusqu’à présent, était la sienne, habitée par une obstinée volonté d’écrire et de ne pas subir ».
Une proposition inédite à l’Académie
Samedi, l’académicien Jean-Christophe Rufin avait créé la surprise en proposant aux autres « Immortels », surnom des membres de l’Académie, un « vote d’urgence » pour élire Boualem Sansal comme académicien. Une initiative sans précédent qui bousculerait les procédures habituelles de l’institution :
- Déclaration de vacance d’un siège
- Ouverture des candidatures pour une période définie
- Élection pour départager les candidats
L’Académie n’a cependant fait aucun commentaire sur cette proposition novatrice dans son communiqué de lundi. Elle compte aujourd’hui 37 membres, souvent des écrivains.
L’arrestation confirmée tardivement
Ce n’est que vendredi que l’agence gouvernementale algérienne APS a confirmé « l’arrestation » à l’aéroport d’Alger de l’auteur de « 2084 : la fin du monde », sans préciser ni la date ni les motifs. Selon plusieurs médias, elle aurait eu lieu le 16 novembre.
Cette affaire intervient dans un contexte diplomatique tendu entre la France et l’Algérie. Les relations, déjà compliquées, se sont fortement dégradées après que Paris a affirmé fin juillet son soutien au « plan d’autonomie » marocain pour le territoire disputé du Sahara occidental.
L’Académie au travail sur son dictionnaire
Outre ce dossier sensible, l’Académie française poursuit ses missions, notamment l’écriture de A à Z du Dictionnaire de l’Académie française. Mi-novembre, elle a publié la neuvième édition de cet ouvrage, fruit de quarante années de labeur, aujourd’hui contesté. La précédente édition remontait à 1935.
À travers son communiqué, l’Académie montre qu’au-delà de son rôle de gardienne de la langue française, elle reste attentive aux événements marquants de l’actualité, en particulier lorsqu’ils touchent au monde des lettres et à la liberté d’expression. Son soutien appuyé à Boualem Sansal témoigne de l’émotion suscitée par l’arrestation de cet auteur reconnu des deux côtés de la Méditerranée.
Reste à voir si cet appel sera entendu par les autorités algériennes et si l’écrivain retrouvera rapidement sa liberté. Au-delà de son cas personnel, c’est aussi la question des relations franco-algériennes et de la place des intellectuels qui est en jeu.