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L’Abbé Pierre Rayé du Val-de-Marne Suite aux Révélations

L'Abbé Pierre, figure emblématique du Val-de-Marne, est en train de disparaître de l'espace public suite aux accusations d'agressions sexuelles portées contre lui. Squares débaptisés, statues retirées...

Le Val-de-Marne, département emblématique de l’action de l’Abbé Pierre, est en train d’effacer progressivement toute trace du célèbre prêtre de son espace public. Suite aux accusations d’agressions sexuelles portées contre lui, plusieurs communes ont décidé de débaptiser des squares et de retirer statues et plaques à son effigie. Une disparition qui suscite de vives réactions dans ce territoire tant marqué par cette figure.

L’Abbé Pierre s’efface d’Alfortville et d’autres villes

À Alfortville, le square Abbé-Pierre ne porte plus ce nom depuis le 11 octobre. Des agents municipaux ont procédé au descellement de la statue du père fondateur d’Emmaüs ainsi que de la plaque portant son nom. Un effacement brutal pour les habitants, sidérés par les révélations sur leur ancien héros local.

Le maire PS Luc Carvounas a annoncé que le square serait prochainement rebaptisé Joséphine Baker, pour les 50 ans de la disparition de la chanteuse. Mais le changement ne sera pas immédiat, plusieurs mois seront nécessaires.

D’autres villes du Val-de-Marne emboîtent le pas d’Alfortville. À Charenton-le-Pont et au Plessis-Trévise, on s’apprête également à débaptiser des espaces publics portant le nom de l’Abbé Pierre. Partout, tableaux et sculptures à son effigie disparaissent des murs.

La communauté Emmaüs fait disparaître l’Abbé Pierre

Même le mouvement Emmaüs, fondé par l’Abbé Pierre, prend ses distances. Dans ses locaux, les éléments de décor représentant le prêtre ont été discrètement retirés. Un effacement progressif qui témoigne du malaise provoqué par les révélations sur le passé trouble de cette icône de la charité.

C’est un choc pour toute la communauté. On ne s’attendait pas à ça de sa part. Il faut prendre le temps de digérer.

– Un compagnon d’Emmaüs

Des révélations difficiles à encaisser

L’onde de choc est proportionnelle à l’aura dont bénéficiait l’Abbé Pierre dans le Val-de-Marne. Ce département conservait de très nombreuses traces de son passage, lui qui y avait fondé les premières communautés Emmaüs. Son nom et son visage étaient omniprésents.

Mais les accusations d’agressions sexuelles, révélées en deux temps en juillet et septembre, ont fait l’effet d’un séisme. Même si les faits sont anciens et que l’abbé est décédé depuis 2007, l’émotion est immense. Difficile pour beaucoup d’admettre le côté sombre de celui qu’ils vénéraient.

C’était notre héros, notre modèle. Apprendre ça, c’est très dur. Il va falloir réapprendre à penser notre histoire sans lui.

– Une habitante d’Alfortville

Vers une mémoire sans l’Abbé Pierre ?

Au-delà du Val-de-Marne, c’est toute la France qui s’interroge sur la place à accorder désormais à l’Abbé Pierre dans la mémoire collective. Faut-il faire table rase de son héritage ? Ou dissocier l’homme de son œuvre ? Le débat ne fait que commencer.

Une chose est sûre, le mouvement de mise à distance est lancé et va se poursuivre. De plus en plus de villes envisagent de retirer les hommages publics à l’Abbé Pierre. Un tournant mémoriel majeur pour celui qui fut pendant des décennies l’incarnation de la bonté.

Le Val-de-Marne, en première ligne de cet effacement, semble déjà tourner progressivement la page de l’époque Abbé Pierre. Un nouveau chapitre s’ouvre, non sans douleur mais avec la volonté d’un nouveau départ. Les révélations ont brisé le mythe, reste maintenant à réinventer l’avenir.

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