Au cœur d’une période marquée par de multiples crises, la zone euro navigue vers une croissance modérée en 2025. Malgré les vents contraires, la Commission européenne entrevoit des signes encourageants pour l’économie de la région. Ses dernières prévisions, dévoilées vendredi, tablent sur une légère accélération de la croissance du produit intérieur brut (PIB) à 1,3 % l’an prochain, après 0,8 % attendus en 2024. En parallèle, l’inflation devrait poursuivre son ralentissement pour atteindre 2,1 % en 2025, se rapprochant ainsi de l’objectif de 2 % fixé par la Banque centrale européenne (BCE).
Une lueur d’espoir malgré l’incertitude
Si ces perspectives offrent une lueur d’espoir, l’exécutif européen ne manque pas de souligner les risques qui pèsent sur la croissance. Au premier rang desquels figure l’incertitude géopolitique, alimentée par la guerre en Ukraine, les tensions au Moyen-Orient et l’élection de Donald Trump aux États-Unis. Ces facteurs font planer la menace de perturbations dans l’approvisionnement énergétique de l’Europe et d’une potentielle guerre commerciale dommageable pour les échanges internationaux.
Consciente de ces défis, la Commission appelle les États membres à emprunter “un chemin étroit consistant à réduire les niveaux d’endettement tout en soutenant la croissance”. Une gageure qui nécessitera, selon le commissaire à l’Économie Paolo Gentiloni, de mettre en œuvre de vastes réformes structurelles pour renforcer la compétitivité de la zone euro.
Des disparités au sein de la zone euro
Au-delà de la tendance générale, les prévisions mettent en lumière des disparités entre les principales économies de la zone euro. La France se distingue avec une croissance anticipée de 1,1 % cette année et de 0,8 % en 2025, surpassant nettement une Allemagne en récession (-0,3 % en 2023 et -0,1 % en 2024). Mais l’Hexagone fait face à un autre défi de taille : son déficit public, le deuxième plus élevé de l’UE à 6,2 % du PIB.
Le marché de l’emploi résiste
Dans ce contexte contrasté, le marché du travail apparaît comme un point lumineux. D’après les projections de la Commission, le taux de chômage devrait encore reculer l’an prochain pour atteindre 6,3 % dans la zone euro, un niveau historiquement bas. Une tendance portée par la hausse attendue de la consommation des ménages, soutenue par une augmentation du pouvoir d’achat.
Cap sur les réformes et l’investissement
Pour consolider cette reprise encore fragile, la Commission compte sur les États membres pour engager rapidement les réformes promises lors du dernier sommet européen. Parmi les pistes avancées : un approfondissement du marché unique des services, un allégement des réglementations et une vague d’investissements financés à l’échelle des Vingt-Sept. Un vaste chantier jugé essentiel par Bruxelles pour “stimuler la croissance potentielle et naviguer dans un contexte de risques géopolitiques croissants”.
Malgré les embûches qui se dressent sur sa route, la zone euro maintient donc le cap vers une croissance modérée en 2025. Un horizon qui semble encore lointain, mais que la région espère atteindre en misant sur ses atouts : un marché de l’emploi résilient, des réformes ambitieuses et une volonté commune de surmonter les crises. Reste à savoir si cette stratégie sera suffisante pour dissiper les nuages qui s’amoncellent à l’horizon.