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La ville symbolique de Homs, dernier rempart du régime Assad

La ville de Homs, dernier rempart avant Damas pour le régime de Bachar al-Assad, est sur le point de tomber aux mains des rebelles islamistes. Cette défaite pourrait sonner le glas du pouvoir en place depuis plus de 20 ans en Syrie. Analyse de la situation et des enjeux...

Alors que la guerre en Syrie semblait enlisée depuis plusieurs années dans un statu quo, une offensive fulgurante des rebelles islamistes du groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTS), lancée fin novembre depuis la poche d’Idleb, est en passe de faire basculer le rapport de force. Après la prise des villes d’Alep et Hama, les combattants sont désormais aux portes de Homs, cité symbolique de la révolution et verrou stratégique sur la route de Damas. Sa chute pourrait signer l’arrêt de mort du régime de Bachar al-Assad.

Homs, ville martyre et dernier rempart avant Damas

Troisième ville de Syrie, Homs a été l’un des premiers foyers de la révolte contre le régime Assad en 2011. Écrasée dans le sang après deux ans de siège, elle était devenue le symbole des souffrances du peuple syrien et des exactions du pouvoir.

Mais Homs occupe aussi une position clé sur le plan stratégique. Située au carrefour des axes nord-sud et est-ouest, elle est le dernier verrou sur la route de la capitale Damas pour les rebelles venus du nord. Sa chute couperait le régime de la côte méditerranéenne et de ses bases arrières russes, souligne Fabrice Balanche, spécialiste de la Syrie :

Si Homs tombe, Damas sera coupé de la région côtière. Dans cette configuration, où seules la capitale et la côte méditerranéenne seraient encore aux mains du régime, Damas n’aurait plus de lien avec ses soutiens russes.

Fabrice Balanche, chercheur associé au Washington Institute

Déroute des forces loyalistes

Selon des sources proches des milieux activistes, les forces gouvernementales auraient fui en désordre la ville dans l’après-midi, n’opposant qu’une faible résistance à l’avancée des rebelles. Si le ministère de la Défense a démenti ces informations, de nombreux témoignages et images attestent d’un mouvement de panique.

Cette débâcle confirme la grande fragilité des troupes loyalistes, minées par les défections et les dissensions internes. Epuisées par des années de guerre, démoralisées, elles peinent à contenir l’offensive bien coordonnée des rebelles.

Le spectre d’un effondrement du régime

La perte de Homs constituerait un coup terrible pour Bachar al-Assad. Privé de sa province la plus peuplée et de sa façade maritime, isolé, le régime pourrait s’effondrer très rapidement selon de nombreux analystes :

L’emprise territoriale de Damas serait réduite à sa plus simple expression. Bachar al-Assad serait alors un président assiégé dans sa capitale, dépendant de ses alliés. Sa chute ne serait probablement qu’une question de temps !

Ziad Majed, politologue franco-libanais

Le régime paie aujourd’hui le prix de son incapacité à reconquérir l’ensemble du pays malgré le soutien de la Russie et de l’Iran. En laissant une partie du territoire aux mains des rebelles, il leur a permis de préserver leurs forces et de mener cette vaste contre-offensive.

Vers une nouvelle guerre de positions ?

Malgré ces revers, Bachar Al-Assad semble décidé à s’accrocher au pouvoir. Ses forces renforcent leurs positions autour de Damas et de la côte, soutenues par les raids aériens russes. Le régime a mobilisé des renforts pour tenter de verrouiller la capitale.

Mais si les rebelles prennent Homs, ils seront en position très favorable pour menacer le cœur du dispositif loyaliste. Le contrôle des axes routiers leur permettrait d’asphyxier Damas. Un nouveau conflit urbain, position contre position, pourrait alors s’engager. Une guerre d’usure où l’issue dépendrait autant des combats que du soutien populaire et de la cohésion interne de chaque camp.

Incertitudes sur le futur de la Syrie

Au-delà de la bataille militaire, la possible chute du régime Assad pose la question du futur de la Syrie. Le groupe HTS, proche d’Al-Qaïda, n’entend pas partager le pouvoir et projette d’instaurer un État islamique. De quoi inquiéter tant la population que les puissances occidentales.

Mais le pays est déjà morcelé entre zones d’influence kurdes, rebelles, djihadistes et proches du régime. Sa reconstruction, politique et économique, s’annonce très compliquée, avertit une source diplomatique à Damas :

Qui contrôlera quoi ? Avec quelles ressources ? Quelle légitimité ? La fin de la guerre pourrait s’accompagner d’une nouvelle fragmentation de la Syrie, d’une montée des violences. Le plus dur reste peut-être à venir…

Minée par 12 années de conflit, aspirant à la paix, la Syrie est encore loin d’être sortie de l’ornière. La bataille de Homs pourrait n’être qu’un nouveau chapitre d’une longue descente aux enfers.

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