Imaginez une entrée de ville où la nature reprend ses droits, où les transports en commun et les mobilités douces sont reines. C’est le défi que relève actuellement Nantes, dans sa quête d’un urbanisme plus vert et humain. Focus sur ce projet ambitieux qui bouscule nos habitudes.
La route de Pornic métamorphosée
Première étape de cette révolution : la transformation de l’emblématique route de Pornic. Cet axe majeur, emprunté chaque jour par des milliers d’automobilistes, va progressivement troquer le gris du bitume contre des nuances de vert. L’objectif ? Réduire la place de la voiture individuelle pour favoriser les transports collectifs et les modes de déplacement doux.
Un savant mélange des genres
Concrètement, la route sera reconfigurée pour accueillir une mosaïque d’usagers. Tramways, busways, pistes cyclables et voies piétonnes se partageront harmonieusement l’espace, aux côtés d’une unique voie réservée aux voitures en entrée de ville. Les adeptes du covoiturage bénéficieront d’une voie dédiée dans le sens sortant. Le boulevard Schoelcher sera également repensé selon les mêmes principes.
Un plan de déplacements urbains ambitieux
Ce réaménagement s’inscrit dans le cadre du Plan de Déplacements Urbains 2018-2027 de Nantes Métropole, qui vise à porter à 75% la part des déplacements alternatifs à la voiture individuelle d’ici 2030. Un objectif ambitieux, mais nécessaire face aux enjeux environnementaux et de santé publique.
L’ambition est de faire de la voiture un transport collectif du quotidien en affichant un objectif d’augmentation de l’occupation des véhicules, induisant ainsi un effet direct sur la saturation des infrastructures et la réduction des émissions de polluants.
Extrait du Plan de Déplacements Urbains de Nantes Métropole
Le pari du report modal
Pour inciter les Nantais à délaisser leur voiture, la ville mise sur le report modal. Parkings-relais aux portes de l’agglomération, développement des pistes cyclables, promotion du covoiturage… Les alternatives se multiplient pour faciliter la transition vers une mobilité plus douce et partagée.
- 56% des déplacements étaient alternatifs à la voiture individuelle en 2015
- Objectif de 75% d’ici 2030
Un projet qui ne fait pas l’unanimité
Si la démarche est louable sur le plan écologique, elle suscite quelques inquiétudes quant à son impact social. Certains craignent que ces restrictions ne pénalisent les travailleurs modestes contraints de vivre en périphérie, faute de moyens pour se loger en centre-ville.
Il faut faire la ville pour tous, y compris pour les salariés. Je serais ravi qu’il y ait moins de voitures, mais il faut d’abord les solutions avant la punition.
Foulques Chombart de Lauwe, conseiller municipal d’opposition
La municipalité se veut rassurante, affirmant travailler au développement d’alternatives crédibles et accessibles pour tous les habitants de la métropole. Le chantier ne fait que commencer, mais il témoigne d’une volonté forte de repenser la ville de demain. Une ville où l’on circule autrement, où la nature s’invite au cœur des artères urbaines.
Vers une cité plus verte et respirable
Au-delà des questions de mobilité, c’est tout un pan de la stratégie nantaise qui se dessine. Huit nouveaux hectares seront piétonnisés en centre-ville cette année, portant la zone dédiée aux marcheurs à 84 hectares. Quais verdoyants, places végétalisées, l’asphalte cède progressivement sa place aux espaces naturels, pour une ville plus respirable et accueillante.
Nantes ouvre la voie à un urbanisme repensé, où la voiture n’est plus reine mais composante d’un écosystème équilibré. Un modèle inspirant, qui pourrait faire des émules dans d’autres grandes agglomérations françaises. L’avenir de nos cités passera-t-il par un retour à une circulation plus douce et raisonnée ? Le pari est en tout cas lancé sur les bords de Loire.