Au cœur de la Syrie, une ville porte les stigmates d’une révolution brisée. Homs, troisième cité du pays, a été le théâtre d’affrontements sanglants et d’une répression impitoyable menée par le régime de Bachar al-Assad. Surnommée la « capitale de la révolution » par les militants qui se sont soulevés en 2011, Homs symbolise toute la tragédie du peuple syrien.
Une ville cosmopolite au cœur de la tourmente
Avant que le conflit n’éclate, Homs était une ville prospère de 800 000 habitants, carrefour stratégique entre Damas et la côte méditerranéenne. Sa population, majoritairement sunnite mais comptant également des alaouites et des chrétiens, en faisait un creuset de la diversité syrienne. Mais cette mixité confessionnelle allait aussi devenir le terreau de violences inouïes.
L’étincelle de la contestation
Dès mars 2011, Homs fait partie des premières villes à se soulever contre le clan Assad, au pouvoir depuis un demi-siècle. Face à la répression sanglante des manifestations, la contestation s’arme. D’après une source proche des militants, le quartier de Baba Amr devient alors le bastion de la rébellion, avant d’être repris par l’armée en mars 2012 au prix de lourdes pertes.
Un siège impitoyable
S’ensuit un siège sans merci de la vieille ville par les forces gouvernementales. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, près de 2200 personnes périssent sous deux ans de bombardements incessants. Coupés du monde, sans électricité ni téléphone, les habitants survivent dans les ruines en se nourrissant d’herbes et de rares aliments séchés. Les blessés meurent faute de soins.
Dans le centre historique totalement dévasté, les civils assiégés ont vécu un enfer pendant des mois, avec pour seule alternative la mort ou la reddition.
Un militant rescapé du siège de Homs
L’exil des rebelles
En mai 2014, un accord supervisé par l’ONU permet l’évacuation de la plupart des rebelles, contraints à l’exil. Trois ans plus tard, la Russie, alliée indéfectible du régime, orchestre le départ des derniers insurgés retranchés. Le contrôle total de Homs par Damas sonne le glas des espoirs révolutionnaires.
Le lourd tribut des journalistes
Homs restera aussi comme un tombeau pour les journalistes venus témoigner de l’horreur. Le 22 février 2012, l’Américaine Marie Colvin et le Français Rémi Ochlik sont tués par un bombardement ciblé contre leur centre de presse clandestin. Un crime délibéré du régime syrien pour museler ceux qui voulaient briser le silence.
Une mémoire à honorer
Aujourd’hui, tandis que des milliers de déplacés tentent de refaire leur vie parmi les décombres, le destin tragique de Homs interpelle nos consciences. Cette ville martyre, étendard d’une révolution étouffée dans le sang, ne doit pas sombrer dans l’oubli. Honorer la mémoire de ses habitants sacrifiés, c’est rendre hommage au courage d’un peuple broyé par la folie exterminatrice d’une dictature sans scrupule.
Car au-delà de Homs, c’est toute la Syrie qui porte les blessures béantes d’un conflit qui a déchiré son tissu social et plongé sa jeunesse dans le désespoir. Puisse le souvenir des martyrs de la « capitale de la révolution » garder vivace la flamme d’une dignité invaincue, et inspirer un jour le renouveau d’un pays trop longtemps meurtri.