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La Turquie Prête à Aider Militairement le Nouveau Gouvernement Syrien

Le ministre turc de la Défense se dit prêt à aider militairement le nouveau gouvernement syrien dominé par d'ex-rebelles islamistes. Mais à quelles conditions et dans quel but ? Les enjeux d'un soutien turc qui suscite des inquiétudes...

Alors que la situation en Syrie connaît un nouveau tournant avec l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement mené par d’anciens rebelles islamistes, la Turquie voisine fait une annonce qui suscite de nombreuses interrogations. Selon les propos du ministre turc de la Défense Yasar Güler rapportés par la presse turque ce dimanche, Ankara se dit « prêt » à fournir une aide militaire aux nouvelles autorités syriennes si celles-ci en font la demande.

La Turquie tend la main aux anciens rebelles syriens

Ce soutien militaire potentiel de la Turquie intervient alors que le nouveau gouvernement syrien est dominé par le groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS), issu de l’ancienne branche syrienne d’Al-Qaïda. Malgré son passé sulfureux, HTS tient désormais un discours plus modéré selon Ankara. Le ministre turc estime qu’il faut « leur donner une chance » et attendre de voir ce que fera la nouvelle administration qui promet de respecter les institutions et la communauté internationale.

Lutter contre les Kurdes, priorité commune turco-syrienne

Mais derrière cette main tendue se cache surtout un intérêt stratégique majeur pour la Turquie : la lutte contre les combattants kurdes du PKK et des YPG qu’elle considère comme terroristes. Yasar Güler affirme que l’élimination de la menace kurde en Syrie est un « objectif partagé » avec le nouveau gouvernement syrien. Ankara voit d’un très mauvais œil les Forces Démocratiques Syriennes (FDS), soutenues par Washington et dominées par les YPG.

La Turquie met la pression sur les États-Unis

En se rapprochant du nouveau pouvoir syrien, la Turquie cherche aussi à faire pression sur son allié américain pour qu’il « réévalue sa position » vis-à-vis des FDS. Une demande relayée par le ministre des Affaires étrangères turc qui souhaite que les dirigeants des YPG « quittent le pays ».

Nous n’avons aucun problème avec nos frères kurdes d’Irak et de Syrie. Notre problème est uniquement et exclusivement avec les terroristes.

Yasar Güler, ministre turc de la Défense

Un soutien turc qui suscite des inquiétudes

Si le gouvernement turc prend soin de préciser qu’il n’a « aucun problème avec les Kurdes » mais seulement avec « les terroristes », son soutien éventuel aux nouvelles autorités syriennes dominées par d’ex-rebelles islamistes suscite tout de même de vives inquiétudes.

Beaucoup craignent que cela ne déstabilise encore plus une région déjà très fragile et n’envenime les tensions, notamment avec les Kurdes. La Turquie semble décidée à peser de tout son poids pour façonner le nouvel équilibre des forces en Syrie, quitte à se mettre à dos certains de ses alliés. Une stratégie risquée dont il faudra suivre de près les conséquences dans les prochains mois.

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