La chute soudaine et inattendue du régime syrien de Bachar el-Assad ce week-end redistribue complètement les cartes au Moyen-Orient. Et c’est la Turquie du président Recep Tayyip Erdogan qui semble en position de tirer le plus grand bénéfice de ce séisme géopolitique.
Une opportunité en or pour Erdogan
Depuis des années, la Turquie s’oppose frontalement au régime syrien, soutenant activement plusieurs groupes rebelles dont certains sont affiliés à l’Armée Nationale Syrienne (ANS). La disparition d’Assad offre donc à Ankara une opportunité unique d’étendre son influence directe chez son voisin du sud.
Selon des sources proches du dossier, la Turquie entretient des contacts étroits avec les nouvelles autorités syriennes issues des rangs de l’opposition. Son objectif : obtenir leur feu vert pour lancer une vaste opération militaire dans le nord de la Syrie afin d’y éradiquer les forces kurdes, qu’Ankara considère comme terroristes.
Le sort des réfugiés syriens en question
Avec près de 3,6 millions de réfugiés syriens sur son sol, leur rapatriement est aussi une priorité pour le gouvernement turc. Des négociations seraient en cours avec Damas pour organiser des retours massifs, en échange d’une normalisation des relations et d’une coopération économique renforcée.
Mais de nombreuses questions restent en suspens. Dans quelles conditions se feraient ces retours ? Les réfugiés pourront-ils rentrer dans leurs régions d’origine ou seront-ils réinstallés dans des zones sous contrôle turc ? Quid de leur sécurité et de leurs droits fondamentaux dans un pays encore très instable ?
Un nouveau rapport de force régional ?
Au-delà de la Syrie, c’est tout l’équilibre géopolitique du Moyen-Orient qui pourrait être bouleversé par l’effondrement du régime Assad et le renforcement de l’influence turque. L’Iran, allié traditionnel de Damas, voit sa position sérieusement affaiblie. Quant à la Russie, autre soutien clé d’Assad, elle semble vouloir composer avec le nouveau pouvoir syrien pour préserver ses intérêts stratégiques.
La Turquie apparaît comme le grand vainqueur de cette crise. Mais sa nouvelle position de force comporte aussi des risques et des défis considérables.
Un diplomate occidental en poste dans la région
Jusqu’où ira l’interventionnisme turc en Syrie ? Comment éviter une confrontation directe avec les forces kurdes, soutenues par les États-Unis ? Quelles seront les réactions des pays arabes face à ce regain d’influence d’Ankara ? Autant de questions qui restent ouvertes dans un Moyen-Orient plus que jamais imprévisible.
Vers une Pax Turcica ?
Une chose est sûre : la Turquie entend bien profiter à plein de l’aubaine syrienne pour asseoir son statut de puissance régionale incontournable. Après ses interventions en Libye, en Irak ou encore en Méditerranée orientale, Erdogan semble plus que jamais déterminé à façonner le Moyen-Orient à sa main. Vers une Pax Turcica dans la région ?
Seul l’avenir nous le dira. Mais une chose est certaine : tous les regards sont désormais braqués sur Ankara. Ses moindres faits et gestes en Syrie seront scrutés avec la plus grande attention par l’ensemble de la communauté internationale. La partie qui s’engage est à hauts risques. Mais les bénéfices potentiels pour la Turquie sont à la mesure de l’audace de son président. Le grand jeu turc ne fait que commencer…