Une décision étonnante vient d’être prise par les autorités turques. Selon une source proche du dossier, le gouvernement a approuvé la demande du parti pro-kurde DEM de rendre visite à Abdullah Ocalan, le fondateur emprisonné du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan). Cette nouvelle intervient dans un contexte de conflit kurde en Turquie qui dure depuis des décennies.
Un geste d’ouverture inattendu
Abdullah Ocalan, figure emblématique de la cause kurde, purge une peine de prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle sur l’île-prison d’Imrali, au large d’Istanbul, depuis son arrestation en 1999. Le PKK qu’il a fondé est considéré comme une organisation terroriste par la Turquie et ses alliés occidentaux. Dans ce contexte, l’autorisation accordée au parti DEM de lui rendre visite apparaît comme un geste d’ouverture surprenant de la part du gouvernement turc.
D’après le ministre turc de la Justice, Yilmaz Tunc, les conditions météorologiques détermineront si la visite aura lieu samedi ou dimanche. Deux législateurs du parti DEM ont été approuvés pour rencontrer Ocalan, qui est détenu à l’isolement depuis 25 ans.
Une main tendue de l’extrême droite
Cette décision fait suite à un geste surprenant du chef du parti d’extrême droite turc MHP, il y a deux mois. Celui-ci avait en effet tendu un rameau d’olivier à Abdullah Ocalan, l’invitant à renoncer à la terreur et à dissoudre son groupe, une démarche soutenue par le président Recep Tayyip Erdogan.
Un jour plus tard, pour la première fois depuis mars 2020, Ocalan avait été autorisé à recevoir la visite de sa famille. Dans les semaines qui ont suivi, le parti DEM avait demandé au ministère de la Justice l’autorisation de lui rendre visite à son tour, une requête désormais approuvée.
Vers une évolution du conflit kurde en Turquie ?
Cette succession d’événements soulève des questions sur une potentielle évolution de la position turque dans le conflit kurde qui déchire le pays depuis si longtemps. L’ouverture manifestée envers Abdullah Ocalan, après des années d’isolement total, pourrait-elle être le signe d’une volonté d’apaisement et de dialogue de la part du gouvernement ?
Beaucoup restent prudents face à ce qui n’est peut-être qu’un geste symbolique. Les prochains mois seront déterminants pour voir si cette main tendue se concrétise en véritables avancées vers la résolution d’un des conflits les plus longs et meurtriers de la région. La communauté internationale, et en particulier les alliés occidentaux de la Turquie, suivront avec attention les prochains développements.
Une chose est sûre : la visite des représentants pro-kurdes à Abdullah Ocalan sera scrutée de près. Les mots prononcés lors de cette rencontre, s’ils sont rendus publics, seront disséqués pour y déceler la moindre évolution de part et d’autre. La Turquie, à un moment charnière de son histoire, joue peut-être là une carte importante pour son avenir et sa cohésion nationale.