Le sort de Gaza pend au fragile fil d’une trêve. C’est en substance le message délivré par le nouveau président américain Donald Trump, quelques heures seulement après sa prise de fonctions. Interrogé par un journaliste sur l’accord de cessez-le-feu conclu entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, le dirigeant républicain s’est montré sceptique. « Je ne suis pas sûr », a-t-il laconiquement lâché, tempérant toutefois son propos en notant l’affaiblissement du Hamas depuis le début du conflit le 7 octobre 2023.
Mais le plus frappant dans les déclarations présidentielles reste cette image désolante renvoyée par la bande de Gaza, territoire palestinien ravagé par 15 mois d’une guerre sans merci. « J’ai regardé une photo de Gaza. Gaza ressemble à un chantier de démolition », a résumé Donald Trump sans détour. Un constat amer qui n’exclut pas pour autant une lueur d’espoir. Car le nouveau locataire de la Maison Blanche a aussi évoqué la perspective d’une reconstruction « fantastique » de l’enclave, à condition que les termes du cessez-le-feu soient scrupuleusement respectés.
Une trêve en trois actes
Entrée en vigueur dimanche matin, la trêve négociée s’articule en plusieurs phases. La première, en cours, doit permettre l’échange de 33 otages aux mains du Hamas contre environ 1900 Palestiniens détenus par Israël, ainsi qu’un retrait partiel de l’armée israélienne du territoire dévasté. Un deuxième acte doit acter la fin définitive des hostilités et la libération de l’ensemble des personnes enlevées par le mouvement islamiste le 7 octobre dernier. Enfin, un troisième volet planifie la reconstruction à proprement parler de la bande de Gaza.
Un processus diplomatique de longue haleine
Si Donald Trump a hérité de cet accord de son prédécesseur démocrate Joe Biden, qui en avait esquissé les grandes lignes dès le mois de mai, sa conclusion n’en reste pas moins le fruit d’intenses efforts diplomatiques conjoints des équipes des deux présidents. Une implication qui vaut à Donald Trump de se présenter aujourd’hui en « pacificateur », non sans réaffirmer dans le même temps son soutien résolu à l’État hébreu.
D’ailleurs, l’un des premiers actes présidentiels du républicain a été d’annuler par décret les sanctions prises par l’administration Biden à l’encontre des colons israéliens en Cisjordanie, après des attaques menées contre des Palestiniens. Un geste fort à destination du premier ministre israélien, qui n’est pas sans soulever des interrogations sur l’équilibre de la position américaine dans ce conflit complexe.
Gaza au cœur de l’échiquier géopolitique
Au-delà du sort des populations civiles prises en étau, l’issue du conflit à Gaza revêt une importance capitale sur l’échiquier géopolitique régional. Nul doute que les déclarations de Donald Trump seront scrutées avec attention par l’ensemble des acteurs impliqués, Israël et le Hamas en tête. Car si le président se veut rassurant envers l’allié israélien, son scepticisme affiché quant à la pérennité de la trêve n’est pas anodin.
Il traduit en creux la fragilité d’un processus de paix suspendu au bon vouloir de protagonistes que tout oppose sur le plan idéologique. Et souligne, s’il en était besoin, le caractère hautement volatil d’une situation susceptible de s’enflammer à la moindre étincelle. Dans ce contexte, la prudence affichée par Donald Trump apparaît comme un appel à la responsabilité de chacune des parties.
L’avenir de Gaza en point d’interrogation
Mais au-delà des enjeux politiques et stratégiques, c’est bien l’avenir de Gaza et de sa population qui est en jeu. Cette étroite bande de terre coincée entre Israël, l’Égypte et la Méditerranée, et qui abrite plus de 2 millions de Palestiniens, a payé un lourd tribut au conflit. Système de santé à genoux, infrastructures vitales détruites, économie exsangue… Les défis de l’après-guerre s’annoncent immenses.
C’est tout le sens de l’allusion de Donald Trump à une reconstruction « fantastique » de Gaza. Une perspective qui sonne comme une promesse, mais aussi comme un avertissement. Car sans un respect scrupuleux de la trêve par toutes les parties, c’est le spectre d’une énième rechute dans le cycle infernal de la violence qui se profile. Et avec lui, celui d’une aggravation de la crise humanitaire qui mine déjà le territoire palestinien.
Ainsi, derrière l’apparente fermeté de Donald Trump, c’est un message d’espoir teinté de pragmatisme qui se dessine. Celui d’un avenir meilleur pour Gaza et ses habitants, à condition que la raison l’emporte sur la logique des armes. Un pari audacieux dans une région où la paix reste un horizon aussi désirable que lointain. Mais un pari que la communauté internationale se doit de relever, pour que Gaza puisse enfin panser ses plaies et se reconstruire durablement.