Un drame hors du commun secoue New York depuis mercredi matin. Brian Thompson, 50 ans, un grand patron de l’assurance santé aux États-Unis, a été abattu de plusieurs balles dans le dos devant un hôtel de Manhattan. Son assassinat, qualifié d’attaque « préméditée, planifiée et ciblée » par la police, a plongé la ville dans la stupeur. Trois jours après les faits, le tueur présumé court toujours.
Une chasse à l’homme d’ampleur dans les rues de New York
Dès les premières heures de l’enquête, le NYPD a lancé une vaste traque pour tenter de retrouver le suspect dont des images de vidéosurveillance ont été diffusées. On y voit un homme tout de noir vêtu, portant une capuche, tirer dans le dos de Brian Thompson avant de prendre la fuite à pied et à vélo. Central Park a été passé au peigne fin, en vain.
Vendredi, le maire de New York Eric Adams, lui-même ex-capitaine de police, a assuré que l’enquête était « sur la bonne voie » malgré l’absence d’interpellation. Une récompense pouvant aller jusqu’à 10 000 dollars est promise en échange d’informations permettant une arrestation.
Le suspect aurait quitté New York en bus
Mais coup de théâtre ce vendredi : selon plusieurs médias, le NYPD pense désormais que le tueur a réussi à quitter New York ! Il aurait été aperçu en train de prendre un taxi pour se rendre à la gare routière de Port Authority puis n’aurait pas été revu en sortir. « Nous avons une vidéo de lui entrant dans le terminal de bus. Nous n’avons aucune vidéo de lui sortant, nous pensons donc qu’il a peut-être pris un bus », a déclaré un responsable de la police à CNN.
Les enquêteurs s’efforcent maintenant de déterminer dans quel bus il aurait pu monter, ce qui élargit considérablement le champ des recherches. Prendre un bus permettrait en effet au suspect de transporter une arme à feu sans risquer les contrôles imposés dans les aéroports.
La piste d’un crime motivé par une vengeance
Si le mobile du crime reste à établir, une piste se dessine : celle d’un acte de représailles contre les pratiques des assurances santé américaines. D’après le New York Times, les enquêteurs ont retrouvé sur les lieux des douilles gravées des mots « delay » (retarder) et « deny » (refuser), une référence aux rejets de prise en charge de frais médicaux par les assurances.
« La victime aurait fait l’objet de menaces de gens. Que sais-je, pour une mauvaise couverture santé ? »
– La veuve de Brian Thompson à NBC News
Étant donné les coûts faramineux des soins aux États-Unis, un refus de remboursement peut avoir des conséquences dramatiques, contraignant des malades à renoncer à des traitements vitaux ou les poussant à la faillite personnelle. Un phénomène inégalitaire dans un pays sans couverture santé universelle.
Tollé sur les réseaux sociaux
Depuis mercredi, une déferlante de messages hostiles visant les assureurs santé submerge les réseaux sociaux. Selon un centre de recherche sur le numérique, il y a eu « un bond de publications très engagées glorifiant l’événement, voire appelant à d’autres actes de violence, suscitant des dizaines de millions de vues ».
Sur Facebook, UnitedHealth Group, l’employeur de la victime, a dû restreindre les commentaires sous son message de condoléances après des dizaines de milliers de réactions méprisantes. Pour beaucoup, cela traduit une colère profonde d’une partie des Américains contre un système de santé à deux vitesses.
Un profil atypique de victime
Brian Thompson travaillait depuis 20 ans chez UnitedHealth Group, un mastodonte de l’assurance qui emploie 440 000 personnes et pèse 371 milliards de dollars. Il dirigeait depuis 2021 UnitedHealthcare, sa branche dédiée à la santé qui assure 51 millions d’Américains. Un profil peu commun pour une victime.
Alors que le tueur court toujours et que la polémique enfle, cet assassinat en plein cœur de Manhattan met en lumière les profondes disparités qui minent le système de santé américain. La traque se poursuit mais le mal semble plus profond. Et Brian Thompson n’en est peut-être que la victime la plus visible.