Barcelone, ville de rêve pour les touristes… mais aussi pour certains criminels en cavale. C’est ce qu’a découvert à ses dépens Mounir A., narcotrafiquant marseillais qui pensait avoir trouvé le parfait refuge dans la métropole catalane. Retour sur une traque haletante qui s’est soldée par l’arrestation de ce baron de la drogue.
Une vie de paillettes et d’insouciance
Avec son appartement de 5000 euros mensuels au 25ème étage d’une tour de luxe, sa piscine et ses deux Mercedes dont une AMG à 90 000 euros, Mounir A. ne se refusait rien. Ce train de vie fastueux, il le devait à ses activités de narcotrafiquant entre Marseille et l’Espagne, organisant des “go fast” pour importer de grandes quantités de cannabis.
Malgré un mandat d’arrêt européen à son encontre, ce malfaiteur de haut vol continuait de vaquer à ses occupations, persuadé d’être intouchable dans son repaire barcelonais. Les apparences étaient trompeuses pour ce complexe résidentiel réputé abriter de nombreux profils peu recommandables.
Un “beau narcotrafiquant marseillais”
Mais Mounir A. avait compté sans la détermination de la Brigade de Répression du Banditisme (BRB) de Marseille. En 2021, cet individu décrit comme “un beau narcotrafiquant marseillais, puissant”, avait été interpellé par l’Office anti-stupéfiants alors qu’il s’apprêtait à importer une cargaison de cannabis.
Après deux ans de détention provisoire, il avait été remis en liberté avant son procès, prévu en mai 2024. Une aubaine dont il a profité pour prendre la fuite vers Barcelone avant le délibéré qui l’a condamné à 8 ans de prison. “Ses avocats ont fait en sorte de retarder au maximum l’instruction”, explique un enquêteur.
L’Espagne, “hub” pour narcos
Le choix de l’Espagne n’avait rien d’un hasard. Selon les policiers, la péninsule ibérique est devenue un véritable “hub” pour les narcotrafiquants européens :
C’est une base de repli confortable pour eux, il n’y a pas de contrôle aux frontières et cela leur permet de gérer leurs affaires tout en revenant ponctuellement en France.
– Un enquêteur de la BRB
Des complexes résidentiels luxueux comme celui où avait trouvé refuge Mounir A. permettent à ces malfaiteurs de se fondre dans la masse des touristes et résidents aisés. Mais même là, ils ne sont pas à l’abri de la traque des forces de l’ordre.
Une coopération franco-espagnole efficace
Il aura fallu trois mois et demi aux six enquêteurs du groupe “Fugitifs” de la BRB, épaulés par leurs homologues espagnols, pour localiser la planque de Mounir A. et l’interpeller alors qu’il s’apprêtait à monter dans son SUV Mercedes.
On a développé une forte coopération internationale avec la police nationale espagnole. Nous parlons le même langage et cela fonctionne bien.
– Le chef du groupe “Fugitifs” de la BRB
Une collaboration payante qui avait déjà permis en février dernier l’arrestation d’un autre fugitif marseillais, Jean-Anthony Blas, dans une station balnéaire catalane où il se terrait depuis plus d’un an.
“Quand on met les moyens…”
Pour les forces de l’ordre, ces succès démontrent qu’aucun narcotrafiquant n’est hors d’atteinte, même planqué à l’étranger. “Quand on met les moyens, on peut aller les chercher. Il faut qu’ils aient conscience de cela”, martèle le chef du groupe “Fugitifs”.
Un avertissement qui résonne alors que Mounir A. attend désormais son extradition vers la France dans une cellule espagnole. Sa parenthèse dorée aura été de courte durée face à la détermination des polices française et espagnole.
Le démantèlement de ces réseaux criminels transnationaux reste un défi majeur pour les autorités. Mais cette affaire prouve qu’avec de la persévérance et une coopération renforcée, même les plus gros poissons peuvent finir par être pris dans les filets de la justice. La belle vie des narcos a parfois un prix.