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La tragédie de Rafah : Netanyahou vaincu par l’horreur ?

Une tragédie sans nom s’est déroulée hier soir à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. Un camp de déplacés, pourtant désigné comme « zone humanitaire » par l’armée israélienne elle-même, a été la cible de frappes aériennes meurtrières. Bilan provisoire : au moins 45 morts, dont de nombreux civils, femmes et enfants, et plus de 200 blessés selon le ministère de la santé du Hamas. Un « incident tragique », a concédé ce lundi le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, promettant une enquête. Mais ces mots suffisent-ils face à l’horreur de ce massacre ?

Rafah, cible d’une offensive israélienne en dépit du droit international

Depuis le 7 mai, l’armée israélienne multiplie les opérations sur Rafah, verrou stratégique pour le Hamas mais aussi pour l’entrée de l’aide humanitaire dans l’enclave palestinienne. Et ce malgré une décision vendredi de la Cour internationale de justice (CIJ) ordonnant à Israël de suspendre « immédiatement » son offensive.

Ces actions sont des crimes de guerre que la communauté internationale doit confronter.

Sufian Qudah, porte-parole du ministère des affaires étrangères jordanien

L’ONU exige une enquête, le monde s’indigne

Face à ce drame, l’émissaire de l’ONU pour le Proche-Orient Tor Wennesland a exigé d’Israël une enquête « complète et transparente ». Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell s’est dit « horrifié », tandis que le président turc Recep Tayyip Erdogan a promis de demander des comptes « aux barbares et meurtriers ».

Netanyahou dans la tourmente ?

En Israël même, si le gouvernement parle d’examiner les faits, la procureure générale militaire a évoqué une enquête en cours sur 70 cas de violations présumées des lois de la guerre depuis le début du conflit. Le bombardement de Rafah, reconnu comme « incident très grave », pourrait faire vaciller Netanyahou, déjà fragilisé par plusieurs mois de contestation contre sa réforme de la justice.

Car au-delà des mots, c’est bien la politique israélienne dans son ensemble qui est pointée du doigt. Reporters sans frontières a ainsi déposé une 3e plainte contre Israël devant la CPI pour crimes de guerre, évoquant la mort de plus de 100 journalistes gazaouis. De son côté, le médiateur qatari craint que le massacre de Rafah n’entrave les efforts de trêve.

Vers un tournant dans le conflit?

Alors que Rafah déplore ses morts et panse ses plaies, la question est désormais de savoir si ce drame marquera un tournant. La pression internationale s’accentue sur Israël pour qu’il respecte enfin le droit international humanitaire. Mais de l’aveu même de Josep Borrell, le dilemme demeure entier sur les moyens de contraindre l’état hébreu.

Dans ce contexte, les mots de Netanyahou semblent bien faibles. Au-delà de l’enquête promise, c’est un véritable changement de cap qui est attendu. Pour que Rafah ne soit pas qu’une “tragédie” de plus dans ce conflit sans fin, mais peut-être le déclencheur d’une prise de conscience salutaire. Afin qu’un jour, enfin, la paix l’emporte sur les armes.

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