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La tragédie de Bouchra : un cri d’alarme contre les féminicides

Bouchra B., 44 ans, mère de 2 enfants, a été poignardée à mort par son ex-mari en 2021 malgré le téléphone grave danger. Avant le procès de son meurtrier, sa famille appelle la justice à durcir la prévention des féminicides. Un drame qui illustre les failles du système...

Rachida, Chahrazade, Rahma, Abdellah et Abdelkhader sont venus de loin pour assister au procès de l’assassin de leur sœur Bouchra. Cette mère de famille de 44 ans a été poignardée à 16 reprises par son ex-mari Khalid F. le 26 novembre 2021, alors qu’elle le croyait encore en prison pour violences conjugales. Un drame qui met en lumière les failles béantes du système de protection des femmes victimes.

Le cri d’alarme d’une famille endeuillée

Avant le début du procès, qui se tient pendant 4 jours à la cour d’assises de Bobigny, les proches de Bouchra lancent un appel vibrant aux autorités. Leurs mots claquent comme un coup de tonnerre :

Il faut dissuader les assassins. La justice doit montrer sa détermination à protéger les femmes menacées. Sinon les drames continueront de se répéter encore et encore.

Rachida, sœur aînée de Bouchra

Pour la famille, le meurtre de Bouchra illustre tragiquement les carences dans la prévention des féminicides. Malgré plusieurs plaintes pour violences, l’agresseur a pu réduire sa peine et sortir de prison sans que la victime n’en soit avertie. Le téléphone grave danger qui lui avait été remis quelques mois plus tôt n’a servi à rien.

Une succession de failles et de négligences fatales

Le soir du drame, Bouchra n’avait pas son téléphone d’urgence sur elle. Convaincue que Khalid était derrière les barreaux jusqu’en décembre, elle n’imaginait pas en avoir besoin. En réalité, il avait bénéficié d’une libération anticipée dès le 17 novembre, à la faveur de crédits de peine. Une information cruciale qui n’a jamais été transmise à Bouchra, faute de communication entre les parquets.

Comme dans tant d’affaires de féminicides, c’est une succession d’erreurs et de dysfonctionnements qui a conduit à l’irréparable. Des signaux d’alerte ignorés, des mesures de protection inefficaces, un suivi judiciaire défaillant des agresseurs récidivistes… Autant de failles béantes qui continuent de coûter la vie à des dizaines de femmes chaque année.

Durcir l’arsenal répressif et préventif

Pour les proches de Bouchra, ce procès doit être l’occasion d’un électrochoc et d’une prise de conscience. Ils espèrent que la condamnation exemplaire de Khalid F., qui encourt la perpétuité, enverra un message fort de fermeté contre les violences faites aux femmes.

Mais au-delà de la sanction des coupables, c’est tout le système de prévention qu’il faut repenser en profondeur selon eux. Mieux former les forces de l’ordre à l’accueil des victimes, généraliser le port du bracelet anti-rapprochement pour les conjoints violents, garantir un hébergement d’urgence aux femmes menacées… Autant de mesures réclamées par les associations et les familles pour enfin enrayer ce fléau.

Le meurtre de Bouchra ne doit pas rester un fait divers parmi tant d’autres. Il doit marquer un tournant dans la lutte contre les féminicides. C’est le sens du combat que mènent désormais Rachida, Chahrazade, Rahma et leurs frères en mémoire de leur sœur. Pour que son calvaire et sa mort ne soient pas vains. Et que plus jamais une femme ne soit ainsi abandonnée face à la violence de son bourreau.

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