Imaginez la stupéfaction des enquêteurs madrilènes lorsqu’ils ont mis la main sur une toile de Francis Bacon, l’une des cinq œuvres du maître britannique dérobées il y a près d’une décennie ! Cette découverte rocambolesque marque un tournant dans l’une des plus grandes affaires de vol d’art contemporain en Espagne. Plongeons ensemble dans les méandres de cette histoire digne d’un polar…
Retour sur un larcin d’exception
Été 2015, le casse du siècle secoue le monde de l’art. Profitant de l’absence de leur propriétaire, un richissime collectionneur, des malfaiteurs dérobent cinq tableaux de Francis Bacon dans un appartement madrilène. Butin estimé : la bagatelle de 25 millions d’euros ! Les toiles subtilisées font partie d’une série de portraits de José Capelo, banquier et ami de l’artiste. Un trésor national qui s’envole dans la nature…
Très vite, la police se lance sur les traces des audacieux voleurs. Indices, filatures, interrogatoires : tous les moyens sont déployés pour retrouver ces œuvres inestimables. Piste après piste, les limiers espagnols progressent, procédant à de multiples interpellations.
Au total, depuis le début de l’enquête en 2015, seize personnes soupçonnées d’être impliquées dans le vol ont été arrêtées.
– La police espagnole
2017, premiers succès
2017 marque un premier coup de théâtre. Trois des cinq toiles réapparaissent, pour la plus grande joie des enquêteurs et du monde de l’art. Mais le suspense reste entier. Où sont passés les deux derniers Bacon ? Le commanditaire, un marchand d’art madrilène selon la presse, est-il le seul cerveau de l’affaire ? Le mystère s’épaissit, laissant augurer de nouveaux rebondissements…
2023, épilogue inattendu
Et le miracle tant attendu survient enfin en 2023 ! Après de nouvelles arrestations en février, les limiers remontent la piste d’un des tableaux manquants. Cachée dans un immeuble de la capitale espagnole, l’œuvre est finalement récupérée par les forces de l’ordre. Ouf de soulagement pour les amateurs d’art…
Pourtant, un ultime secrets’obstine. La cinquième toile reste désespérément introuvable à ce jour. Les enquêteurs, déterminés, poursuivent leurs investigations pour écrire le mot « FIN » sur ce polar artistique.
L’histoire folle d’un chef-d’œuvre
Au cœur de cette saga policière et artistique, un tableau exceptionnel, estimé à lui seul à 5 millions d’euros. Une pièce unique et précieuse, issue du génie créatif de Francis Bacon (1909-1992), maître incontesté du portrait torturé. Amateur des grands peintres espagnols comme Vélasquez et Goya, Bacon avait fait de Madrid sa terre d’adoption.
Francis Bacon est notamment célèbre pour ses triptyques, dont l’un, Trois études de Lucian Freud, s’est vendu pour 142,4 millions de dollars en 2013.
– Christie’s, à New York
Le visage déformé de José Capelo, immortalisé par le pinceau rageur de l’artiste, aura donc connu une véritable odyssée. Volé, caché, traqué, retrouvé… Un destin romanesque à la mesure du génie singulier de son créateur.
Les leçons d’un rocambolesque fait divers
Au-delà du sensationnel, cette affaire en dit long sur les arcanes du marché de l’art et ses dérives. Spéculation, recel, convoitise : les œuvres d’art, devenues des investissements financiers, attisent la criminalité.
- Le vol d’œuvres d’art et d’objets culturels est le 3ème trafic mondial après la drogue et les armes.
- Chaque année, environ 60 000 œuvres d’art sont volées dans le monde, pour un butin estimé entre 6 et 8 milliards de dollars.
Face à ce fléau, la vigilance et la coopération internationale s’imposent. Traçabilité des œuvres, sécurisation des lieux d’exposition, fichage des pièces volées : les initiatives se multiplient pour endiguer ce trafic. L’épopée espagnole des Bacon est là pour nous le rappeler : le patrimoine artistique de l’humanité est un bien précieux à protéger !